Le jugement concernant l’anthropomorphisme et les anthropomorphistes

—  Abd al-Fattâh b. Sâlih Qudaysh al-Yâfi`î  —

Au nom d’Allâh, le Clément, le Miséricordieux. Louange à Allâh, Prière et Bénédiction sur l’Envoyé d’Allâh, ainsi que sur sa famille, ses compagnons et leurs successeurs.

Cet article aborde le jugement concernant l’anthropomorphisme (tajsîm)  et les anthropomorphistes (mujassimah) dans les quatre écoles juridiques.

On pourrait dire : l’anthropomorphisme (tajsîm) est un sujet de croyance (`aqîda), qu’ont donc à voir là-dedans les quatre écoles juridiques ? La réponse est la suivante : L’anthropomorphisme peut être abordé de deux côtés :

• La réalité de l’anthropomorphisme, la preuve de sa fausseté, et ce qui est en rapport avec cela. Ceci est abordé dans les livres de croyance (`aqîda).

• Le jugement de l’anthropomorphisme en ce qui concerne la perversité (fisq) et la mécréance (kufr). Et ceci est abordé à la fois dans les livres de croyance (`aqîda) et ceux de jurisprudence (fiqh). Les livres de croyance (`aqîda) l’abordent car ils se préoccupent du degré qu’a atteint l’innovation (bidʿa) : est-ce de la perversité (fisq) ou de la mécréance (kufr) ? Quant aux livres de fiqh, ils l’abordent car le sujet est lié à de nombreuses règles concernant la prière, le mariage, le sacrifice rituel, le témoignage, etc.

Toutes les écoles islamiques de croyance (`aqîda) se sont accordées sur le fait qu’Allâh est exempt de tout anthropomorphisme (tajsîmiyyah) (que ce soit les Gens du Hadith (Ahl al-Hadîth), les Ach`arites, les Mâturidites, les Mu`tazilites, les Kharidjites, les `Ibâdites, les Zaydites, les Imâmites, et les autres) ; à l’exception de ce qui a été attribué à certains Chiites anciens et aux Karâmiyah, ainsi que ceux qui ont subi leur influence au sujet de l’anthropomorphisme, Allâh Exalté soit-Il est bien au-dessus de cela !

J’ai organisé mon article en quatre parties, [chacune portant sur une école (madhhâb)] :

Première partie : Le jugement concernant l’anthropomorphisme et les anthropomorphistes chez les Hanafites

Les Hanafites ont une classification détaillée sur celui qui dit qu’Allâh est un corps (jism) :

• Ceux qui ont dit : « c’est un corps comme les corps », ou ont dit de manière absolue « c’est un corps ». Alors ils sont tombés dans une innovation qui fait sortir de l’islam (bid`ah mukaffirah).

• Ceux qui ont dit : « Allâh est un corps pas comme les corps ». Ils sont tombés dans une innovation qui rend pervers ( bid`ah mufâssiqah) mais qui ne fait pas sortir de l’islam. Et certains ont dit qu’elle fait sortir de l’islam.

Et voici quelques textes des Hanafites à ce sujet :

Dans Tabyîn al-Haqâ’iq d’az-Zayla`î (1/135) : L’anthropomorphiste (mushabbih),  s’il dit : “Allâh (Très-Haut) a une main et un pied comme ceux des créatures”, alors c’est un mécréant maudit. Et s’il dit : “un corps pas comme les corps”, alors c’est un innovateur (mubtadi`) ; car il n’a fait qu’utiliser le terme “corps” à propos d’Allâh, et cela fait penser à un manque (naqs), puis il a retiré ce manque avec le terme “pas comme les corps”, il n’est donc resté que l’utilisation du mot et cela constitue un péché qui est en soi une raison d’être puni du fait qu’il peut entraîner des mauvaises idées ; contrairement à s’il voulait signifier par cette parole le tashbih (ressemblance), dans ce cas il est mécréant. Et il a été dit : il devient mécréant juste en utilisant le terme et c’est un avis bon, voire même l’avis premier (awlâ)
Contrairement à celui qui utilise le terme “corps” en niant le tashbîh, cette personne sort de l’islam pour avoir choisi d’utiliser un terme qui renverrait vers un aspect de manque (défaut), et cela en connaissance de cause. Et s’il nie vouloir signifier le tashbîh, alors il ne reste comme reproche que son manque de rigueur et l’insouciance quant à l’utilisation de ce terme.
Regarder à ce sujet Fath al-Qadîr (1/350) et Kanz ad-Daqâ’iq (1/370).

Ibn Najîm dit dans al-Bahr ar-Râ’iq (5/151) :  Quant à ce qui entraîne vers la mécréance ce n’est pas autorisé de base, comme les extrémistes parmi les Rafidites, et les Qadirites, et les Mushabbiha (anthropomorphistes) qui disent qu’Allâh (Le Très-Haut) est un corps comme les corps, et ceux qui nient l’intercession, la vision [d’Allâh], les tourments de la tombe ou les Anges Scribes (al-kâtibîn).
Quant à celui qui préfère `Alî uniquement, alors c’est un innovateur derrière lequel on peut prier bien que cela soit déconseillé (makrûh), de même pour celui qui dit “qu’Allâh (Le Très-Haut) est un corps pas comme les corps” et celui qui dit que “Allâh ne peut être vu à cause de Sa Grandeur (jalâl) et Sa Puissance (`adhamah).”

Al-Khâdimî (m. 1168) dit dans Barîqa Mahmûdiyya 1/95 :  L’innovation dans la croyance est de s’empresser de professer des innovations; et certaines innovations, passions et gens de la passion entrent dans la la mécréance … comme le fait de croire qu’Allâh est un corps comme les autres corps et les détails sont mentionnés par l’auteur dans la suite du texte.1
Et certaines d’entre-elles n’en sont pas : c’est-à-dire ne sont pas de la mécréance comme renier l’interrogatoire de la tombe, ou croire qu’Allâh est un corps pas comme les corps.
Mais cela reste un péché plus grand que les grands péchés dans les actes, … et on ne trouve rien au-dessus c’est-à-dire de l’innovation dans la croyance si ce n’est la mécréance. 
Mais que veulent-ils dire par : « un corps pas comme les corps » ?
Ce qui est visé c’est que le locuteur utilise pour Allâh le terme “corps” sans prendre en compte la réalité de ce terme et ce qu’il implique. Pour lui, cela veut donc dire “ce qui existe et qui est suffisant par lui-même” et n’entend pas par ce terme ce qui impliquerait de Lui imputer des dimensions. Ainsi, le désaccord réside dans l’utilisation du terme.
Mais s’il dit : “Allâh est un corps” dans le sens qu’il est possible de Lui imputer des dimensions, et qu’il a une mesure, une limite, une fin et une densité, alors cela rentre dans l’expression “un corps comme les corps”. Et même s’il dit “pas comme les corps”, car cela revient à jeter de la poudre aux yeux, et en réalité il le considère comme un vrai corps.

Al-Khâdimî explique cela dans Barîqa Mahmûdiyya (1/225) en disant : Et dedans c’est-à-dire dans at-Tatarkhâniyya il est dit : S’il croit qu’Allâh (Le Très-Haut a une jambe qui est un organe, impliquant la corporalité (al-jismiyyah), il sera emprisonné pour cette croyance. Ainsi, dans les hadiths authentiques, nous avons l’utilisation du terme qadam (litt:“pied”) pour Allâh Le Très-Haut, comme dans le hadith : « L’enfer demande plus jusqu’à ce que Le Puissant y mette son “qadam ” ». Ce qui a été interprété comme faisant référence à la Grandeur (ta`dhîm) |d’Allâh|, et d’autres interprétations ont été données. Il sera traité comme mécréant. Il y est dit également (dans at-Tatarkhâniyya) que celui qui dit qu’Allâh (Très-Haut) a un corps pas comme les corps composé de parties, avec une longueur, une taille et une profondeur alors c’est un innovateur car le terme n’apparaît pas dans ce qui est révélé, et pour avoir insufflé l’idée rejetant la corporalité. Et il n’est pas mécréant  car, dans ce cas, il s’agit du sens d’essence (dhât), d’être (nafs), ou d’entité (shay’) ; et utiliser ces notions pour Allâh (Très-Haut) est permis. « Et ce n’est pas de la mécréance tant qu’on n’atteste pas de ce qui a un rapport avec les caractéristiques du corps comme l’emplacement et la direction, et qu’il ne reste que le terme “corps” ; et s’il en était autrement il serait mécréant également. »

Il a dit aussi dans Barîqa Mahmûdiyya (1/228) : Dans at-Tatarkhâniyya il est dit : Un homme qui décrit Allâh (Le Très-Haut) comme étant en haut (fawq) ou en bas (taht), alors c’est du tashbîh », c’est-à-dire |du tashbih| avec les corps c’est donc du tajsîm et une mécréance sauf si pour lui le haut veut désigner l’élévation (`uluw) |de rang|, la grandeur, la domination et la supériorité, alors il ne mécroit pas, et il faut considérer le détail précédent comme s’il voulait rapporter une information comme la Parole d’Allâh « Le “yad” (litt: main) d’Allâh est au-dessus de “aydihim” (litt: leurs mains ) » (Coran 48 :10), « C’est Lui qui est Dieu dans le ciel et Dieu sur terre » (Coran 43 : 84).

Dans la Hâshiyah d’Ibn `Âbidin (1/562) il est dit : |Il devient kâfir| s’il dit “un corps comme les corps” et de même s’il n’ajoute pas “comme les corps”. Par contre s’il dit “ pas comme les corps”, il ne mécroit pas car il y a seulement l’utilisation du terme “corps” (jism) qui renvoie à un défaut, et il retire ce défaut en disant “pas comme les corps” ; et il ne reste donc que l’utilisation du terme “corps” et cela est un péché.

Et dans at-Taqrîr wa at-tahbîr de Ibn Amîr al-Hâj al-Hanafî (3/319) : Le témoignage des mujassima est refusé, car ce sont des mécréants, et cela est corroboré par ce qui est dans les Mawâqif, et les mujassima ont rendu mécréants leurs opposants.
Les commentateurs parmi nos compagnons et les Mu`tazilites ont dit, ainsi que notre Cheikh, l’auteur, qu’Allâh lui fasse miséricorde, dans al-Musâyara, et c’est plus évident (adhhar) : Utiliser intentionnellement le terme “corps”, après avoir su ce qu’il implique comme défaut, est du mépris.

Mollah `Alî al-Qârî a dit dans Sharh al-Fiqh al-akbar (p. 271) :  Celui qui croit qu’Allâh ne connaît pas les choses avant leur occurrence est mécréant, même si celui qui dit cela est compté parmi les innovateurs. De même, est mécréant celui qui dit qu’Allâh (Qu’Il soit glorifié) est un corps, qu’Il a un endroit, qu’Il est soumis au temps, et ce qui ressemble à cela, et la foi n’est pas réellement établie en lui.

Deuxième partie : Le jugement concernant l’anthropomorphisme et les anthropomorphistes chez les Malikites

Le jugement des malikites envers l’anthropomorphisme et les anthropomorphistes n’est pas différent de celui des hanafites. Ils ont la même classification détaillée concernant celui qui dit qu’Allâh est un corps :

• Ceux qui ont dit : « c’est un corps comme les corps », ou ont dit tout simplement « c’est un corps »  sont tombés dans une innovation faisant sortir de l’islam.

• Ceux qui ont dit : « Allâh est un corps pas comme les corps »  sont tombés dans une innovation qui rend pervers (fâsiq) mais qui ne fait pas sortir de l’islam. Et certains ont dit qu’elle fait sortir de l’Islam.

Et voici quelques textes des malikites à ce sujet :

Dans le livre Ahkâm al-Qur’ân d’Ibn al-`Arabî al-Mâlikî (2/475) : Si quelqu’un renie un des messagers ou bien les dément dans ce qu’ils rapportent concernant le licite et l’illicite, des impératifs ou du louable, alors il est mécréant.
Et chaque ensemble de ces trois aspects (cités précédemment) possède des détails indiqués par la phrase qu’on a mis en évidence. Mais les gens ont divergé sur le fait de rendre mécréant ou pas suivant ces détails, ou de les qualifier de pervers (fâsiq) d’être dans l’erreur ou dans le bon ; et ceci comme lorsque l’on parle de l’assimilationnisme (tashbîh), de l’anthropomorphisme (tajsîm) et de la direction (jiha), ou alors de polémiquer en reniant la Science (al-`ilm), la Puissance (al-Qudrah), la Volonté (al-Irâdah), la Parole (al-Kalâm) et la Vie (al-Hayât), car celui qui renie ces fondements est certes mécréant.

Dans Al-Fawâkih ad-Dawânî (1/94) : Il y a eu divergence en ce qui concerne la mécréance de l’anthropomorphiste. Ibn `Arafa a dit : « le plus plausible est sa mécréance”, Al `Izz a choisi l’absence de mécréance vu la difficulté du commun de comprendre la preuve de la négation du corps |vis-à-vis d’Allâh|.

Dans le Charh d’al-Kharachî sur Khalîl (8/62) :  L’exemple de la parole qui rend mécréant c’est de renier ce qui doit être obligatoirement connu de la religion comme l’obligation de la prière, ne serait-ce qu’une partie, de même s’il dit : “Allâh est un corps limité dans un endroit”.

Dans la Hâshiyah d’Al-`Adawî sur le Charh d’al-Kharachî : Il dit : De même s’il dit : “Allâh est un corps limité dans un endroit” ; c’est-à-dire occupant une partie du vide. Il entend par là celui qui dit : “C’est un corps comme les corps”, c’est cela qui rend mécréant celui qui le dit comme celui qui le croit. Quant à celui qui dit : “C’est un corps pas comme les corps”, alors il est innovateur (mubtadi`) selon l’avis juste (al-sahîh).

Dans la Hâshiyah d’Al-Adawî sur Kifâyat At-Tâlib (1/102) : Le péché qui transgresse la foi rend mécréant, car à ce moment-là il n’est pas musulman. Comme mettre une impureté sur le Coran ou comme celui qui croit qu’Allâh est un corps comme les corps. Quant à celui qui croit qu’Allâh est un corps pas comme les corps ne mécroit pas, cependant, il est désobéissant, car le Seigneur (Qu’Il soit glorifié) n’est pas un corps.

Dans la Hâshiyah d’Al-Sâwî sur ach-Charh as-Saghîr (4/432) : Il dit : Cela entraîne la mécréance : c’est-à-dire que cela (le kufr) est induit par une preuve tangible, comme dire “c’est un corps occupant un endroit ou comme les corps”, mais s’il dit : un corps pas comme les corps alors il est pervers, et dans son incrédulité (kufr) deux jugements et le plus probable est qu’il est croyant.

Dans Minah al-Jalîl Charh Mukhtasar Khalîl (9/206), le Cheikh Mohammad b. Ahmad `Illîch Al-Mâlikî (m. 1299) lorsqu’il évoque ce qui conduit à la mécréance, qu’Allâh nous en préserve, dit :  (Chapitre L’apostasie est l’incroyance du musulman avec une parole claire ou ce qui l’induit) : C’est-à-dire que la parole de mécréance doit être claire, comme renier la légalité de ce qui fait consensus et fait partie de ce qui doit être obligatoirement connu de la religion, car il conduit à démentir le Coran ou le Messager. Et comme croire qu’Allâh est un corps et qu’Il a une position spatiale, puisque ceci nécessite pour Allâh qu’Il soit entré en existence et qu’Il a besoin d’un créateur, de même que la négation des attributs de la divinité pour Allâh (Que Sa Majesté soit élevée).

Mohammad b. `Alî b. Husayn, le Muftî des Malikites à la Mecque (1367 H) dans son résumé des Furûq nommé Tahdîb al-Furûq wa al-Qawâ`id as-Saniyya fi al-Asrar al-Fiqhiya (4/266) dit : La deuxième partie est ce qui est rapporté de semblable dans le Coran ou la sunna authentique. L’exemple de cela ainsi que son jugement est mentionné par Al-`Allâma Al-Amîr dans sa Hâchiyah du charh du Cheikh `Abdessalam sur Jawharat at-Tawhîd dans ses paroles : “Sache que celui qui dit que c’est un ‘corps pas comme les corps’ est pervers (fâsiq). Et le fait que certains de nos chuyûkh ont démontré leur mécréance ne fait pas autorité. Comment pourrait-il en être ainsi, alors que les paroles suivantes sont attestées : ‘visage pas comme les visages’ et ‘main pas comme les mains’. Même si le mot ‘corps’ n’a pas été rapporté. Qu’ils méditent donc.”
J’ai dit (Al-Mâlikî) : Fait partie de cela le fait de dire qu’Il (Exalté soit-Il) est dans un endroit pas comme les endroits des créatures car il a été attesté al-Istiwâ’ sur le  `Arch pas comme le fait de s’asseoir sur un lit. Même si le terme endroit n’a pas été rapporté.

Troisième partie : Le jugement concernant l’anthropomorphisme et les anthropomorphistes chez les Chafi`ites

Il existe 3 paroles chez les shafi`ites à propos du statut de l’anthropomorphisme (tajsîm) et des anthropomorphistes (moujjassimah) :

• L’anthropomorphisme est du kufr de manière générale ;

• L’anthropomorphisme n’est pas du kufr de manière générale ;

• L’anthropomorphisme clair est du kufr, et l’anthropomorphisme équivoque n’est pas du kufr. Ce qui est visé par l’anthropomorphisme clair c’est d’affirmer qu’Allâh est un corps (jism) avec des dimensions. Et l’anthropomorphisme équivoque est le fait d’affirmer comme attribut ce qui tendrait vers l’anthropomorphisme, ou le fait de dire que c’est un corps pas comme les corps.

Voici quelques textes des shafi`ites sur le sujet :

Al-`Izz b. `Abdessalâm a dit dans ses Qawâ`id (1/202) : L’imam al-Ash`ari (qu’Allâh lui fasse miséricorde) est revenu avant sa mort de son takfîr des gens de la qibla, car l’ignorance des attributs (sifât) n’est pas une ignorance de ce qui est décrit (mawsûfât). Il a dit : “Nous avons divergé dans les termes mais Celui qui est visé est Le-même. Cela est comme le maître qui a écrit à ses serviteurs pour leur ordonner ou leur interdire, puis ils ont divergé sur sa description, est-il blanc, noir, rouge ou brun ? Il est interdit de dire que leur divergence sur sa description est une divergence dans son statut de maître qui doit être obéi et à qui on doit se soumettre ; et il en est ainsi de la divergence des musulmans dans les Attributs du Divin. Ainsi, diverger sur le fait qu’Allâh (Glorifié et Exalté) soit dans une direction, n’est pas diverger sur le fait qu’Il soit leur Créateur et Seigneur méritant l’obéissance. Et si on dit : la divergence sur le fait qu’Il soit dans une direction implique qu’Il soit contingent qu’Il soit entré en existance ; nous disons : “ce qui est impliqué par le madhhab n’est pas le madhhab, car les anthropomorphistes attestent qu’Il est dans une direction et qu’Il est Pré-éternel et non contingent”.

Toujours dans les Qawâ`id de al-`Izz Ibn `Abdessalâm (1/202) : « Tout cela fait partie de ce sur quoi les mujtahid ne peuvent avoir tous raison. En vérité, il y en a un qui a raison et les autres ont tort. Leur erreur est pardonnable vu la difficulté d’en sortir et de se débarrasser de cette croyance, surtout ce que dit celui qui croit qu’Allâh est dans une direction. La croyance en une Existence ni mobile, ni immobile, qui ne soit ni dissociée du monde et ni attachée à lui, et qui n’est ni en-dedans ni en-dehors de lui, ne peut pas y être guidée une personne par simple intuition. Elle ne peut y être guidée qu’après avoir étudié des preuves difficiles à appréhender et à comprendre, et donc à cause de cette difficulté Allâh pardonne celui qui est habitué à cette croyance (peut être voulait-il dire « aux gens du commun – `âmmiy »).
C’est pour cela que le Prophète ﷺ n’obligeait pas les nouveaux musulmans à faire des recherches sur la question mais les approuvait à propos de ce dont il savait qu’ils ne pourraient se débarrasser facilement. Ainsi furent les califes bien guidés et les savants guidés ; ils approuvèrent les gens du commun tout en sachant qu’ils n’étaient pas sur la vérité et qu’ils n’avaient pas été guidés vers elle. Malgré cela, ils appliquèrent sur eux les lois de l’islam comme les droits du mariage, de l’héritage, la prière sur eux à leur mort, le lavage mortuaire, le fait de les mettre dans un linceul, de les porter (convoi funéraire) et de les enterrer dans les cimetières des musulmans. Si Allâh ne leur avait pas pardonné du fait de la difficulté de se débarrasser de leur mauvaise croyance, les lois islamiques ne seraient pas appliquées sur eux par consensus des musulmans.
Quant à celui qui prétend qu’Allâh s’incarne en quelque chose, dans les corps des gens ou autre, il est mécréant, car la loi islamique a pardonné l’anthropomorphiste du fait de la prolifération de l’anthropomorphisme parmi les gens car ils ne conçoivent pas une existence sans direction,à l’inverse de l’incarnation qui n’est pas une croyance répandue et ne vient pas à l’esprit d’un être raisonnable, elle n’est donc pas pardonnable.

Dans al-Majmû` d’an-Nawâwî (4/150) : « Nous avons déjà mentionné que la prière faite derrière celui qui mécroit par son innovation est invalide ; quant à la prière faite derrière celui qui ne mécroit pas, elle est valable. Parmi ceux qui mécroient il y a ceux qui font de l’anthropomorphisme clair, et ceux qui nient qu’Allâh connaît les Particuliers (al-Juz’iyyât). »

Dans Rawdat at-Tâlibîn d’an-Nawâwî (10/64) : « L’apostasie arrive soit par la parole de mécréance soit par des actes. Les actes impliquant la mécréance sont ceux qui sont issus d’une volonté et d’une moquerie claire de la religion comme se prosterner devant une statue ou devant le soleil, jeter le coran dans les ordures ou encore la magie qui contient une adoration pour le soleil et ainsi de suite…
L’imâm dit dans certains commentaires selon mon cheikh que l’acte seul n’est pas mécréance. Il dit : « Ceci est une erreur énorme du commentateur. Je l’ai évoqué pour attirer l’attention sur sa méprise car l’apostasie arrive par la parole qui est mécréance, que cette parole soit par croyance, fatigue ou moquerie. »

Ce sont des paroles générales. En ce qui concerne les détails, al-Mitwalî a dit : « Celui qui croit que le monde est prééternel (qadîm), ou que Le Créateur a un début, ou renie ce qui est prouvé par consensus à propos du Pré-éternel (al-Qadîm), comme le fait qu’Il est Omniscient (`Âlim) et Omnipotant (Qâdir), ou Lui attribue ce qui doit être nié pour Lui par consensus comme les couleurs ou la liaison ou la séparation alors il est mécréant. »

Dans Asnâ al-Matâlib de cheikh al-Islâm Zakariyyâ al-Ansârî (4/117) : « Il a été rapporté dans les al-Muhimmât, dans la dernière partie, que les anthropomorphistes attribuent les couleurs. Même si on ne fait pas leur takfîr selon le plus connu (mashhûr) comme cela sera mentionné dans le chapitre des témoignages, cependant, dans le Sharh al-Muhadhdhab fî Sifat al-A’imma, il a été décidé leur takfîr. »

Dans la Hâshiya d’ar-Ramlî sur le texte précédent, il dit :  «même si on ne fait pas leur takfîr selon l’avis le plus connu et c’est l’avis le plus juste (râjih). Quant à sa parole « cependant, dans le Sharh al-Muhadhdhab fî Sifat al-A’imma, il a été décidé leur takfîr, notre Cheikh a dit que le plus juste est le premier avis.

Dans Hâshiyat ar-Ramlî sur Asnâ al-Matâlib (1/220) : « Quand il dit : Quant à ce qui est dit dans al-Majmû` du takfîr de celui qui a un anthropomorphisme clair, il souligne la faiblesse de cet avis et a écrit, comme s’il s’était préservé de proclamer la mécréance de celui qui croit qu’Allâh est dans une direction. Ainsi il ne fait pas son takfîr, de même qu’Al-Ghazâlî dans son livre at-Tafriqa bayna al-Islâm wa az-Zandaqa (Le critère de distinction entre l’islam et l’hérésie). Al-`Izz b. `Abdessalâm a dit dans al-Qawâ`id : « On peut dire que c’est l’avis le plus juste en se basant sur le fait que ce qu’implique le madhhab n’est pas le madhhab. Il a écrit également : « Al-Balqînî a dit que l’avis juste ou correct est le contraire de ce qu’il a dit. Ibn al-Quchayrî a dit dans al-Murshid : « Celui qui fait partie des gens de la qibla et a adopté une innovation, comme les anthropomorphistes, les prédéterministes (qadariyya) et d’autres, est-il mécréant ? Les grands savants du madhhab ont deux voies, et la parole d’Al-Ach`arî peut signifier les deux. L’avis le plus apparent (adhhar)  de ses deux avis est  de ne pas les considérer mécréants et c’est le choix de Al-Qâdî. Ainsi, celui qui prononce une parole sur laquelle il y a consensus des musulmans sur le fait de considérer celui qui la dit comme mécréant, alors on fait son takfîr, sinon, non. » »

Dans les fatwas d’ar-Ramlî (4/20), on lui a demandé si celui qui dit qu’Allâh est dans une direction est musulman, même si cela implique l’anthropomorphisme ; car la règle dit que ce qui implique un madhhab n’est pas le madhhab ? Il a répondu : « Celui qui dit ça est musulman, même s’il est innovateur ».

Dans Tuhfat al-Muhtâj (9/86) : « Par conséquent il a été dit, à partir du hadith de la femme esclave (al-jâriya), qu’il est pardonné pour les gens du commun l’anthropomorphisme, l’attribution de la direction à Allâh et ce qui y ressemble. Car, malgré cela, ils restent, au final, dans la croyance en la transcendance divine, et en la Perfection absolue d’Allâh.

Dans Bahr al-Muhît d’az-Zarkashî (8/280) : « Quant à celui qui se trompe dans les bases (usûl) et les anthropomorphistes : il n’y a aucun doute quant au fait de le considérer comme pécheur, pervers et égaré ; mais il y a divergence sur le fait de faire son takfîr :
Al-Ash`arî a deux paroles. L’imam des Haramayn (al-Juwaynî), Ibn al-Qushayrî et d’autres ont dit : « Le plus apparent (adhhar) de ses voies est de délaisser le takfîr ; et c’est le choix d’al-Qâdî dans son livre Ikfâr al-Muta’awwilîn. Quant à Ibn `Abdessalâm, il a dit : « Al-Ash`ari est revenu avant sa mort sur le takfîr des gens de la qibla, car l’ignorance à propos des attributs n’est pas une ignorance de Celui qui est décrit. » Il a dit également : « Nous avons divergé sur le terme, mais ce qui est visé est le même. »
La divergence a deux facettes chez les savants de notre école, comme l’a dit Ibn al-Qushayrî. Quant à l’imam Abu Sahl As-Sa`lûkî, il ne faisait pas le takfîr, alors on lui a dit : « Ne fais-tu pas le takfîr de celui qui te considère comme mécréant ? ». Il est alors revenu à la position du takfîr.    

Dans Mughnî al-Muhtâj d’al-Shirbînî (4/133), dans ar-Rawda : « Si quelqu’un dit dans mon &œlig;il comme le chrétien ou le juif à propos du `Ayn d’Allâh ou entre les Yad d’Allâh, alors certains ont dit qu’il a mécru, certains ont dit s’il visait l’organe il a mécru,sinon non. Al-Adhra`î a dit : « l’avis apparant (dhâhir) c’est qu’il n’a pas mécru de manière générale, car il a fait preuve de ce qui serait de l’anthropomorphisme, or l’avis le plus connu (mashhûr) est que l’on ne fait pas le takfîr des anthropomorphistes. »

Dans Kifâyat al-Akhyâr d’al-Hisnî (page 647) : « Ici il faut remarquer que les anthropomorphistes impliquent les couleurs, la liaison (ittissâl) et la séparation (infisâl) à propos d’Allâh. La parole d’ar-Râfiʿî dans le livre ach-chahâdât implique que l’avis le plus connu (mashhûr) est que l’on ne fait pas leur takfîr. An-Nawawî l’a suivi sur ce point, sauf qu’il a affirmé dans Sifat as-Salât du Sharh al-Muhadhdhab que l’on fait le takfîr de l’anthropomorphiste.
Je dis : « C’est l’avis correct sans aucun doute, car il y a en cela une contradiction claire avec le Coran, qu’Allâh combatte les anthropomorphistes et les mu`attila (négateurs des Attributs Divins), qui ont, les deux, contredit le verset « Et rien ne Lui ressemble, c’est Lui l’Audiant, le Voyant », qui est une réplique claire aux deux groupes. Et Allâh est plus sachant. »

Dans al-Ashbâh wa an-Nadhâ’ir d’as-Suyûtî (p. 488) nous trouvons la règle : « Ash-Shâfi`î a dit : « On ne fait le takfîr de personne parmi les gens de la qibla ». Et il a fait exception de l’anthropomorphiste et de celui qui nie qu’Allâh connaisse les Particuliers. D’autres ont dit : « Les innovateurs peuvent être distingués en plusieurs groupes :
•Le premier : celui dont on fait le takfîr sans discussion, comme celui qui accuse `Aïcha (Qu’Allâh l’agréé), celui qui nie qu’Allâh connaisse les Particuliers et que les corps seront ressuscités, les anthropomorphistes, et celui qui dit que le monde n’a pas de début.
•Le deuxième groupe : celui dont on ne fait pas le takfîr, comme celui qui considère les Anges meilleurs que les Prophètes, et `Ali meilleur que Abû Bakr.
•Le troisième et quatrième : ceux sur lesquels il y a divergence, l’avis le plus correct (asah) et que l’on fait leur takfîr, l’autre avis étant qu’on ne le fait pas. Comme celui qui dit que le Coran est créé, dont al-Balqînî a confirmé le takfîr, et la majorité l’a infirmé. Ou comme celui qui insulte les deux shaykh (Abû Bakr et Umar), et dont al-Mahâmilî a validé le takfîr et la plupart non. »

Ibn Hajar al-Haytamî (m. 974 H) a dit dans al-Minhâj al-Qawîm (p. 224) : « Sache qu’al-Qarâfî et d’autres ont dit d’ash-Shâfiʿî, Mâlik, Ahmad et Abû Hanîfa qu’ils affirmaient le takfîr de ceux qui disaient qu’Allâh est dans une direction et qu’ils étaient anthropomorphistes, et ils ont raison dans cela. »

Dans Hâshiyat al-Jumal (1/531), il dit : « On ne fait pas son takfîr pour son innovation, au contraire de celui dont on fait le takfîr pour son innovation comme l’anthropomorphiste, celui qui renie le jour du jugement, la résurrection des corps, et la Science d’Allâh concernant l’inexistant et les Particuliers, car ils nient ce qui est nécessairement connu dans ce qu’on apporté les Prophètes. Il est donc interdit de les imiter du fait de leur mécréance. Et ce qui est retenu, c’est que l’anthropomorphiste n’est pas considéré mécréant ( ا هـ . ز ي)  tant qu’il ne le fait pas d’une façon claire, autrement il est mécréant.( ا هـ . شيخنا) »

Dans le commentaire (Hâshiya) d’al-`Abâdî sur al-Ghurar al-Bahiyya (1/450) : « Il dit : comme les anthropomorphistes, on trouve de même dans Sharh al-Muhadhdhab et autres. Et sa parole est comprise à propos de celui qui prétend qu’Allâh est un corps comme les corps, ou qui croit en une des conséquences parmi les conséquences qu’impliquerait la corporéité de Son Essence Sainte. »

Dans Mughnî al-Muhtâj d’ash-Shirbînî (5/429) : « Remarque : Il y a divergence sur la mécréance de l’anthropomorphiste. Il a dit dans al-Muhimmât : l’avis le plus connu (mashhûr) est qu’ils ne sont pas mécréants. Et il a été affirmé dans Sharh al-Muhadhdhab dans la description des imams qu’ils sont mécréants. Az-Zarkashî a dit dans al-Khâdim : « L’expression employée dans Sharh al-Muhadhdhab désigne celui qui attribue un corps à Allâh de manière claire ». Comme si, en disant « de manière claire » il voulait en exclure celui qui attribue une direction à Allâh, car ce dernier ne mécroit pas, comme l’a affirmé al-Ghazâlî. Le cheikh `Izz ad-Dîn a dit : « C’est le plus correcte (asah). Il a dit dans ses Qawâʿid : « Al-Ash`arî est revenu avant sa mort sur le takfîr des gens de la qibla, car l’ignorance des attributs n’est pas une ignorance de ce qui est décrit », et il a interprété le texte d’ash-Shâfi`î sur la négation (kufr) de celui qui dit que le Coran est créé comme désignant l’ingratitude devant les bienfaits divins (kufrân an-ni`ma), et non pas une sortie de la religion. » Al-Bayhaqî et d’autres parmi les savants muhaqiqîn l’ont dit, et cela par le consensus des salaf et khalaf sur le fait que la prière derrière les Mu`tazilites, le mariage avec eux et leur héritage est valide. »

Dans le commentaire (Hâshiyya) d’al-Bujayrimî sur al-Khatîb (2/138) : « Il dit : il ne mécroit pas a cause de son innovation, comme l’anthropomorphiste et le râfidî, de même celui qui croit que certains piliers sont seulement sunna comme le hanafi al-Qalyûbî, et comme celui qui dit que le Coran est créé, ou que la vision d’Allâh au Paradis est impossible. Quant à ce qu’a dit ash-Shâfi`î sur la mécréance de celui qui nie la vision ou qui dit que le Coran est créé, cela est interprété comme l’ingratitude devant les bienfaits divins (kufrân an-niʿma) (ا هـ مناو).

Et celui qui mécroit par son innovation, comme l’anthropomorphiste clair et celui qui nie qu’Allâh connaît les Particuliers, alors il lui est interdit d’être imâm comme dit dans at-Tahrîr.

Quand il dit « comme l’anthropomorphiste », l’avis qui dit que l’on ne fait pas son takfîr est le marjouh. Et ce qui est voulu, ici, c’est celui qui croit en la corporéité uniquement, même si cela implique l’accident (`arad) comme la blancheur, la noirceur ou la direction, car ce qui est impliqué par le madhhab n’est pas le madhhab. Quant à celui qui affirme qu’Allâh a une direction, ce n’est pas un mécréant, selon l’avis le plus juste. Médite donc ! (ق ل وكتب الشوبري)

Quand il dit « comme l’anthropomorphiste clair », Hajj a dit à ce propos : « C’est ce vers quoi s’oriente son tarjih (fait de donner la prévalence à un avis) entre les avis contradictoires se trouvant dans ar-Rawda et dans al-Majmû`. Cependant, le jugement est sur celui qui croit que Allâh est un corps comme les corps et c’est pour cela qu’il est considéré comme mécréant dans al-Majmû`. Quant à celui qui dit qu’Il est un corps pas comme les corps, n’est pas mécréant. Et c’est de cette façon qu’est interprété al-Rawda, et autres. Et l’avis le plus connu (mashhûr) chez nos imams est qu’il n’est pas mécréant.

En assemblant ces deux cas, nous voyons que le premier concerne celui qui énonce clairement une chose impliquant l’anthropomorphisme comme la blancheur ou la noirceur ; le deuxième cas concernant celui qui n’énonce pas clairement une telle chose, car le plus juste (asah) chez les savants d’Usul al-fiqh (al-usûliyîn) c’est que ce qu’implique un madhhab n’est pas le madhhab. Et quand il dit « ce n’est pas le madhhab », c’est-à-dire même si c’est de la mécréance, tant que ne s’y engage pas la personne. Hajj a rappelé dans ses Fatâwâ al-Hadîthîyya, en citant al-Adhra`î et d’autres, que l’avis majoritaire (mashhûr), est de ne pas faire le takfîr des anthropomorphistes même s’ils disent qu’Allâh a un corps comme les corps, car malgré cela, ils ne croient peut-être pas en ce qu’implique la corporalité.

Et dans al-Musâyara et son commentaire : « Celui qui Le nomme corps en disant « pas comme les corps », signifiant par cela la négation de ce qu’implique la corporalité, comme c’est le cas chez certains Karamites. En effet, il disent : « Il est un corps dans le sens d’Existant (mawjûd). » D’autres parmi eux ont dit : « C’est un corps dans le sens de Suffisant par Lui-même (Qâ’im bi-nafsihi). » Et cela par erreur. Mais cette erreur réside dans l’utilisation du terme corps, pas dans son sens.

Et quand il dit : « Clairement », à la différence de l’anthropomorphiste implicite, comme celui qui donne une direction à Allâh, ou une couleur, par exemple, car cela fait parti des implications de la corporalité. Or l’avis retenu est de ne faire en aucun cas le takfîr des anthropomorphistes, de même pour ceux qui attribuent une direction à Allâh (al-Jihawiyya), et cela à cause de la prédominance de l’anthropomorphisme sur les gens, et du fait qu’ils ne comprennent pas un existant sans direction.

Quant à l’expression d’al-`Annânî, quand il dit : « Comme les anthropomorphistes clairs », c’est-à-dire celui qui croit qu’Allâh est comme les corps, à la différence de celui qui croit qu’Il est un corps pas comme les corps. Or, l’avis retenu est qu’on ne fait dans aucun cas son takfîr, qu’il ait une croyance anthropomorphiste générale ou bien qu’il croie qu’Il est un corps comme les corps, car l’anthropomorphiste est celui qui attribue à Allâh un corps, Très-Haut est Allâh, Glorifié et Exalté soit-Il, de tout cela. Par ailleurs, est exclu de l’anthropomorphisme clair celui qui parle de direction concernant Allâh, c’est-à-dire qui dit qu’Il est dans une direction. Or cela impliquerait qu’Il soit un corps. Cependant, cela n’est pas une attribution claire, donc on ne fait pas son takfîr. »
Voilà ce qu’il dit, à la lettre près. Al-Ziyâdî en est la source.

Quant à moi, je dis : Le cœur penche vers la classification, car Hajj a dit dans al-A`lâm :
« L’avis majoritaire (mashhûr) du madhhab, les savants tardifs, est que l’on ne fait pas le takfîr des anthropomorphistes. Cependant, dans al-Majmû`, il a été proclamé leur takfîr. Il faut donc interpréter le premier cas comme étant celui de ceux qui disent qu’Il est un corps pas comme les corps, et le deuxième cas comme étant celui de ceux qui disent qu’Il est un corps comme les corps. Car dans le premier cas, ils ne croient peut-être pas au défaut impliqué (concernant Allâh) ; et, comme on l’a vu, ce qu’implique un madhhab n’est pas forcément le madhhab. Au contraire du deuxième cas, car il signifie clairement la contingence (hudûth), la composition (tarkîb), les couleurs et la liaison (ittisâl), et est donc de la mécréance, car il attribue au Pré-Existant (al-Qadîm) ce dont Il est exempt par consensus, exemption qui fait parti des choses connues nécessairement dans la religion, et il ne convient pas de tenir cette position. » Rapporté à la lettre.

On peut ainsi résumer, concernant les anthropomorphistes, trois avis : leur takfîr dans tous les cas, leur takfîr dans aucun cas, leur takfîr suivant les cas. Et Allâh est Celui qui guide vers la voie droite. 

Hajj a dit, dans son livre précédemment cité, que ceux qui attribuent la direction à Allâh ne sont pas mécréants selon l’avis le plus juste (sahîh). Il dit : « Effectivement, cependant s’ils croient en ce qu’implique leur parole en terme de contingence et autre, alors ils ont mécru par consensus. » Qu’ils s’en préservent donc !
Ensuite, si tu demandes : « Quel est l’avis retenu ? »

Et bien, az-Ziyâdî, al-Qalyûbî et al-`Anânî ont convenu que l’avis retenu est de ne faire dans aucun cas le takfîr des anthropomorphistes. Ibn Hajar, lui a choisi le takfîr suivant les cas. Quant à moi, je dis : Le cœur penche vers la classification. »

Dans at-Tajrîd, commentaire d’al-Bujayrimî sur al-Manhaj (1/311) : « Il dit Nous ne faisons pas son takfîr, c’est-à-dire à cause de son innovation. Au contraire de celui dont on fait le takfîr à cause de son innovation comme les anthropomorphistes ou ceux qui nient la résurrection des corps, ou nient la Science d’Allâh des choses inexistantes (ma`dûm) et des Particuliers, à cause de leur négation de ce qui est connu nécessairement de ce qu’a apporté le Prophète (ﷺ). Ainsi il n’est pas autorisé de faire la prière derrière eux à cause de leur mécréance. Cependant, l’avis retenu concernant les anthropomorphistes est de ne pas faire leur takfîr, ( ز ي) c’est-à-dire tant qu’il n’ont pas un anthropomorphisme clair, sinon, comme celui qui dirait qu’Allâh est un corps comme les corps, alors on fait son takfîr, comme l’a conclu notre Cheikh. Quant à celui qui dit qu’Allâh est dans une direction, on ne fait pas son takfîr, même si la direction implique la corporalité, car ce qu’implique un madhhab n’est pas le madhhab.

Quatrième partie : Le jugement concernant l’anthropomorphisme et les anthropomorphistes chez les Hanbalites

Les Hanbalites procèdent à une classification pour le jugement de l’anthropomorphisme et des anthropomorphistes :

• Ainsi, pour eux les savants et mujtahid parmi les anthropomorphistes sont mécréants.

• Quant à leur masse et ceux qui les imitent, ils ne sont pas mécréants.

Parmi les hanbalites, certains proclament leur takfîr sans classification, alors que d’autres proclament le fait de ne pas faire leur takfîr.

Voici certains textes hanbalites sur cette question :

Ibn Hamdân a rapporté d’Ahmed, dans Nihâyat al-Mubtadi’în (p. 30) : « Le takfîr de celui qui dit qu’Allâh est un corps pas comme les corps ». L’a rapporté également l’auteur d’al-Khisâl parmi les hanbalites. Voir Tashnîf al-Masâmi`, page 346.

Dans Dâqâ’iq Ûlî an-Nuhâ d’al-Rahîbânî (3/590) : Ainsi, n’est pas accepté le témoignage d’un pervers par ses actions, comme le fornicateur et le dayûth, ou par sa croyance, comme le muqallid dans la croyance que le Coran serait créé, ou la négation de la vision c’est-à-dire la vision d’Allâh dans l’au-delà ou dans le chiisme (ar-Rafd) comme celui qui fait le takfîr des Compagnons, ou qui les considère comme pervers parce qu’ils ont privilégié d’autres que `Alî pour le Califat, ou dans le Jahmisme (tajahhum), c’est-à-dire la croyance du madhhab de Jahm ibn Safwân, ou d’autres choses comme cela comme le muqallid dans l’anthropomorphisme, ou dans ce que croient les Kharidjites, les Qadarites, etc. Quant à leur mujtahid, on fait son takfîr c’est-à-dire le mujtahid professant la création du Coran, etc., parmi ceux qui contredisent ce sur quoi sont Ahl as-Sunna wa al-Jamâ`a.

Il a dit dans al-Fusûl, à propos de l’égalité (al-Kafâ’a), en ce qui concerne les Jahmiyya, les Wâqifiyya, les Harûriyya, les Qadariyya et les Rawâfid : « S’il a polémiqué et prêché, il a alors mécru, sinon on ne le considère pas comme pervers, car Ahmad a dit : « On écoute son hadith et on prie derrière lui ». »
Il a dit également : « Pour moi, la masse des innovateurs sont pervers, de même que la masse des Gens du Livre sont mécréants, malgré leur ignorance, et l’avis correct est qu’ils la masse des innovateurs ne sont pas mécréants, car Ahmad a autorisé la transmission de hadith des Harûriyya et des Kharidjites.

Dans Kashshâf al-Qanâ` d’al-Buhûtî (6/420) : On n’accepte pas le témoignage du pervers dans ses actes comme le fornicateur, l’homosexuel, le meurtrier, etc., ou dans sa croyance et ce sont les gens de l’innovation même s’il la professe c’est-à-dire, s’il croit que c’est une religion vraie, son témoignage est rejeté selon la majorité des textes. Ainsi, s’il imite dans sa croyance, la croyance dans la création du Coran, ou la négation de la vision c’est-à-dire la vision d’Allâh Très-Haut dans l’au-delà, ou dans le chiisme (al-rafd) ou le Jahmisme (tahajjum), et d’autres choses comme cela par exemple dans l’anthropomorphisme, ou dans la croyance que le serviteur crée ses actes, alors on le considère comme pervers. Quant à leur mujtahid propagandiste, on fait son takfîr.

Al-Majd a dit : « L’avis correct (sahîh) est que toute innovation dont nous avons fait le takfîr de son propagandiste, alors nous considérons comme pervers le muqallid (suiveur) dans cette innovation, comme celui qui dit que le Coran est créé, ou que notre prononciation (lafdh) de celui-ci est créée, ou que la Science d’Allâh, Glorifié et Exalté soit-Il, est créée, ou que ses Noms sont créés, ou qu’on ne Le verra pas dans l’au-delà, ou insulte les Compagnons, ou que la foi c’est uniquement la croyance, et ce qui ressemble à cela. Ainsi, celui qui est savant concernant une des ces innovations, appelle les gens à elle et polémique à son propos, alors il est jugé comme étant mécréant. Ahmad a écrit cela à plusieurs endroits. »

Et Al-Muwaffaq (Ibn Qudâma) a choisi que leur mujtahid propagandiste n’est pas mécréant dans sa lettre à l’auteur d’at-Talkhîs : Et cela en raison de ce qu’a dit Ahmad à al-Mu`tasim :Ô Emir des croyants, celui qui adopte les rukhas est pervers. Al-Qâdî a dit : Sauf celui dont on peut interpréter autrement les propos, ni le muqallid. »

Et dans Tabaqât al-Hanâbila d’Ibn Abî Ya`lâ (p. 499) : “Al-Wâlid as-Sa`îd a dit : celui qui croit qu’Allah Exalté soit-Il est un corps comme les corps et Lui confère ce qui fait la réalité d’un corps comme les composants ou le changement, alors il est mécréant car il n’est pas connaisseur d’Allah Exalté soit-Il.Il est impossible d’attribuer ces attributs à Allah, et comme il n’a pas connu Allah il est obligatoire qu’il soit mécréant.”

Dans al-i`tiqâd d’Ibn Abî Ya`lâ (p. 16) : « Ainsi, si une personne croit à propos de Ses Attributs ou ce qui y ressemble, parmi ce qui a été rapporté dans les textes authentiques, à la ressemblance (tashbîh) avec le corps, le genre, la forme et la longueur, alors il est mécréant.
Et s’il les a interprétés (ta’awwala) selon les nécessités de la langue, ou selon la métaphore, alors c’est un Jahmite.
Et s’il les a pris tels qu’ils sont venus, sans ta’wîl, sans tafsîr, sans anthropomorphisme (tajsîm), et sans ressemblance (tashbîh), comme l’ont fait les Compagnons et les Successeurs, et bien c’est ce qui lui est obligatoire. »

Dans Majmu` Fatâwâ Ibn Taymiyya (356/6) : « Ainsi, les sunnites ne divergent pas dans le fait qu’aucune chose ne ressemble à Allâh, ni dans Son Essence, ni dans Ses Attributs, ni dans Ses Actes. Au contraire, beaucoup d’Ahl as-Sunna parmi les nôtres (les hanbalites) et d’autres, rendent mécréants les assimilationnistes (mushabbiha) et les anthropomorphistes (mujassima). »

Dans Aqâwîl ath-Thiqât de Marʿî al-Karmî (p. 64) : « Ce qui est étonnant, c’est que nos imâms hanbalites se disent du madhhab des salafs et attribuent à Allâh ce qu’Il s’est attribué Lui-même, et ce que lui a attribué Son Prophète ﷺ, sans altération (tahrîf), ni négation (ta`tîl), ni comment (takyîf), ni ressemblance (tamthîl), et pourtant, on trouve certaines personnes qui, sans précautions dans leur religion, attribuent l’anthropomorphisme aux hanbalites. Alors que dans leur madhhab (hanbalite), l’anthropomorphiste est mécréant, à l’inverse du madhhab des shafi`ites pour qui l’anthropomorphiste n’est pas mécréant. Ainsi, un groupe faisant le takfîr des anthropomorphistes, comment peuvent-ils être eux-mêmes anthropomorphistes ? »

Conclusion

Les gens de science ont deux avis concernant le takfîr des anthropomorphistes. Et l’avis disant qu’il ne faut pas faire leur takfîr est celui qu’il est nécessaire de répandre parmi les gens, afin que la tolérance règne parmi les musulmans, en particulier. Par ailleurs, la problématique est complexe, comme on l’a vu chez al-`Izz ibn ʿAbd al-Salâm. Et nous avons davantage besoin, à notre époque, d’unité et de bonne entente, et non pas de division. Car les communautés se sont ruées de toutes parts sur la Umma de l’Islam, tandis que les musulmans sont encore dans des luttes internes, secondaires ou non, certains dépensent leur temps, leur argent et leur effort à s’occuper des autres, en oubliant le danger véritable. Nous demandons à Allâh d’unir le discours des musulmans.

Remarque

L’article qui précède concerne le jugement de l’anthropomorphisme et des anthropomorphistes. Quant à ce qui concerne la réalité de l’anthropomorphisme, dans la langue et la terminologie, c’est le sujet d’une recherche par votre pauvre serviteur. Nous y avons abordé la réalité de l’anthropomorphisme, la preuve de sa fausseté par la raison, la transmission, les paroles des salafs et des imâms, ainsi que la réponse aux arguments spécieux des anthropomorphistes, et l’exposition des groupes et personnes anthropomorphistes, et de ceux qui ont accusé de cela des groupes et personnes, et d’autres choses de ce genre parmi les problématiques liées à l’anthropomorphisme.

Mais on peut tout aussi bien faire ici une indication résumée de la réalité de l’anthropomorphisme dans la langue et la terminologie, afin que le lecteur sache ce qu’est cet anthropomorphisme dont le jugement à été présenté précédemment.

L’anthropomorphisme (at-tajsîm) : c’est la croyance dans le fait qu’Allâh serait un corps.

Le corps (al-jism) dans le langage signifie le rassemblement, la personnification et la composition. Ibn Fâris a dit dans Mu`jam Maqâyis al-Lugha (1/457) : « La racine [ج س م] signifie la rassemblement d’une chose. Ainsi le corps c’est toute personne perceptible. De même, Ibn Durayd a dit : al-jasîm signifie celui qui a un immense corps, de même qu’al-jussâm. Quant à al-jusmân, il signifie la personne. »

Le corps (jism) dans la terminologie : C’est ce qui suppose les dimensions (la longueur, la contingence, la profondeur). L’imam Ahmad a dit dans sa `aqîda qui a été transmise par la majorité des hanbalites : « Les noms sont pris de la sharî`a et de la langue, or les spécialistes de la langue ont appliqué ce nom à tout ce qui possède une longueur, une substance, une épaisseur, une composition, une image, un assemblage, et Allâh Très-Haut est exempté de tout cela. Il n’est donc pas autorisé de l’appeler corps, du fait qu’il soit en dehors du sens de la corporalité ; et la sharî`a n’est pas venu avec cela, c’est donc une assertion fausse. » Voir I`tiqâd al-Imâm al-Mubajjal Abî `Abd Allâh Ahmad ibn Hanbal d’al-Tamîmî (p. 298), et Tabaqât al-Hanâbila d’Ibn Abî Ya`lâ (2/298).

Ceci est le dernier point. Louange à Allâh, Prière et Salut sur le Messager d’Allâh, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ceux qui l’ont suivi.

`Abd al-Fattâh b. Sâlih Qudaysh al-Yâfî`î.

Yemen, Sanaa.


1- Al-Khâdimî parle de la suite de l’ouvrage qu’il commente. En effet, Bâriqa Mahmudiyya est un commentaire de tarîqa mohammadiyya wa sharî`a nabawiyya.


Article traduit par Au Service de l’Islam – CC BY-NC-ND.