Autour de la question de la destruction des tombeaux et de ce qu’ont commis les sots d’entre nous

—  Yusrî Rushdî al-Sayyid Jabr al-Hassani  —

Louange à Allah et Il suffit comme Protecteur. Et je témoigne qu’il n’y a d’autre divinité que Allah et que Mohammed ﷺ est Son serviteur et Son messager.

Parmi ce qui se répand en cette période critique que traverse nos pays biens-aimés, il y a ceux qui se font appeler « salafis », alors qu’ils se sont trompés sur la compréhension de la religion sur laquelle était les Pieux Prédécesseurs (al-Salaf al-Sâlih). Ils se sont renfermés sur eux-mêmes, n’écoutent que ceux qui sont sur leur longueur d’onde et n’acceptent pas l’avis des autres ou les écoles qui les contredisent, même si ces dernières ont des bases plus solides. Ils effraient la masse des leurs et de ceux qu’ils dominent par l’étroitesse de leurs horizons, leur ignorance des règles de déduction, des fondements de la jurisprudence et de la langue, et par leur opposition au consensus dans de nombreux domaines de la religion. Parmi ceux-ci, leur croyance que la construction sur les tombes est interdites (harâm) et entraîne l’associationnisme (shirk), et qu’il n’est pas permis de prier dans les mosquées construites près des tombeaux des saints (awliyâ‘). Ainsi, en s’appuyant sur cette compréhension, ils ont eu l’audace de s’attaquer à la sacralité des morts, détruisant les tombes de certains membres de la Sainte Famille du Prophète ﷺ, de saints et de pieux savants. Tout cela entraînant une fitna entre les musulmans, pouvant conduire à la confrontation, l’opposition et la confusion, menant au sang versé et à d’innombrables actions prohibées. Ainsi, ils ne savaient pas qu’une des plus simples règles de l’interdiction du blâmable, si cela est vraiment blâmable comme ils le prétendent, est qu’elle n’entraîne pas un mal encore plus grave et une chose qui serait encore plus blâmable. Ainsi, il m’a paru indispensable d’attirer l’attention et d’exposer le point de vue de la vérité sur cette question. Et Allah est le Secours, à Lui nous nous en remettons et à Lui va notre plainte.

Sache, ô musulman zélé dans cette religion, que la construction sur les tombes est de deux sortes :

  • Première situation : Cette construction précède l’enterrement. Ainsi, la personne est enterrée dans une maison, une chambre, une mosquée, une coupole ou encore dans une cour, de la même façon que sayyiduna Muhammad ﷺ et ses deux compagnons ont été ensevelis dans sa sainte chambre, dans sa maison ; de même que beaucoup de saints qui ont été enterré chez eux après leur décès. Et sur cela, il n’y a pas le moindre doute sur le fait que cela soit autorisé, tel que l’ont écrit tous les fuqaha de toutes les écoles. Et c’est ainsi qu’a agit la Umma du temps des salaf comme du temps des khalaf, en Orient comme en Occident, sans aucun désaveu.
  • Deuxième situation : Cette construction sur la tombe, autour de celle-ci ou à côté a été bâtie après l’enterrement. Ainsi, si elle a été bâtie sur la tombe, c’est-à-dire au-dessus de celle-ci, ce n’est pas autorisé, cela dans un but d’allègement pour le mort. Par contre, si elle a été construite autour, ou si c’est un bâtiment comme une coupole ou une mosquée dans laquelle on prie, dans ce cas, si elle a été bâtie sur une terre appartenant à quelqu’un et non pas sur un waqf ou un chemin, c’est totalement autorisé, et légèrement réprouvable (karâha tanzîh) si elle a été construite par vanité ou pour l’ornementation. Enfin, si la construction est sur une terre waqf prévue pour enterrer les morts, alors elle est interdite et doit être détruite afin de ne pas réduire la place disponible pour les défunts. Toutefois, certains fuqahâ l’ont autorisé même dans les terrains waqf si la construction ne réduit pas la place disponible, c’est-à-dire qu’elle soit de la largeur de la tombe ; et cela en ce qui concerne le commun des musulmans. Tandis que si c’est la tombe d’un savant, d’un pieux saint ou d’un membre de la sainte famille du Prophète ﷺ, un groupe de savant l’a autorisé et même recommandé – y compris sur les terrains waqf – afin d’honorer leur sainteté et de préserver leurs tombes de l’oubli et du dédain, permettant ainsi de bénéficier de leur visite et de leur bénédiction. S’il en est ainsi pour une terre en waqf, qu’en est-il alors s’ils en sont au contraire propriétaires ! Et certes, la plupart d’entre eux ont été enterré sur leurs domaines, dans leur maison qui leur appartenait. Or, la sacralité du musulman mort est exactement la même que celle du vivant. Ainsi, il n’est pas autorisé de s’attaquer à sa maison après sa mort de la même façon que cela est interdit quand il est encore en vie.

Ceci est un résumé concis de la question par lequel j’ai commencé afin d’exposer ce sur quoi s’est établi le consensus des musulmans sur cette problématique avant que ne viennent les argumentations spécieuses de ceux qui ont contredit le consensus (ijmaʿ) et en sont sortis, ceux que l’on appelle salafistes, wahhabites ou najdites (car ils sont apparus dans le Najd) ou encore Qarniyyûn, dérivé de Qarn al-Shaytân (la Corne de Satan), comme cela est rapporté dans le hadith authentique rapporté par Bukhari, dans lequel le Prophète ﷺ a appelé les bénédictions sur le shâm et le Yémen. On lui a alors demandé : « Et pour notre Najd ô Envoyé d’Allah ? » Il répondit : « C’est là-bas que se lèvera la Corne de Satan. » Ainsi L’Envoyé d’Allah ﷺ a dit la vérité et cette idéologie s’est répandue à partir du Najd. C’est une école satanique comme l’a nommé le Prophète ﷺ, elle a mené à la scission, la dispute, la controverse, la mauvaise opinion envers les musulmans et à attaquer leur honneur en portant atteinte à ce qui est pour eux le plus cher, c’est-à-dire leur religion. Ils se sont ainsi convaincu qu’il y avait de l’associationnisme en eux et les ont appelés « visiteurs des tombes des prophètes et des pieux» et « adorateurs de tombes », ainsi que cela est mentionné dans leurs ouvrages jusqu’à aujourd’hui. Et tout ceci est une accusation très grave, car celui qui considère qu’un musulman a en lui de l’associationnisme alors qu’il en est innocent, alors il encourt lui-même ce dont il l’a accusé, car qui rend mécréant un musulman à la croyance saine devient lui-même mécréant, de la même manière que la croyance des non-musulmans envers les musulmans.

Preuves autorisant la construction des mosquées et mausolées sur les tombes

Première preuve :

La parole d’Allah concernant l’histoire des Gens de la Caverne : « Mais ceux dont l’avis prévalu dirent : « Construisons sur eux une mosquée (masjid). [Al-Kahf, 21] ». Et ceux dont l’avis prévalu sont les croyants selon l’avis authentique, car ceux qui construisent les mosquées sont uniquement les croyants. Quant aux dénégateurs, ils dirent : « Construisons sur eux un édifice. » La preuve ici est qu’Allah Très-Haut les a approuvés sans les rejeter pour leur action. Car quand Il rapporte dans Son Livre quelque chose qu’Il n’agrée pas de la part d’un peuple, Il cite avec cela ce qui indique la perversion de cette et sa fausseté, soit avant, soit après. Et quand il n’attire pas l’attention sur cela, c’est une indication qu’Il agrée cette chose et qu’elle est correcte. Parmi les exemples que l’on peut citer : « Lorsqu’ils ont dit : Allah n’a jamais rien révélé à un être humaine. [Al-An’âm, 91] ». De même dans Sa parole : « Les mécréants disent : ce n’est qu’une invention qu’il a forgée aidé d’autres personnes » qu’Il a fait suivre de : « Or, ils commettent là une injustice et un mensonge. » et ainsi ce suite dans ce nombreux versets.

Celui qui médite le Coran trouvera qu’il ne tait pas le jugement d’une chose fausse qu’il mentionne, qu’elle soit une parole ou une action, car c’est un livre tout entier de vérité, de lumière, de guidance, d’exposé et de preuve pour Allah sur les univers.

Toutefois, quelqu’un pourrait dire : « Cela serait admis s’il n’avait pas été rapporté la réprobation de cela ». Car, en effet, le Prophète ﷺ a dit dans un récit authentique : « Allah a combattu les Juifs et les Chrétiens qui ont pris comme mosquée les tombes de leur Prophètes, et il ne restera pas deux religions sur la terre des arabes. » De même qu’il est rapporté dans un hadith authentique qu’il a dit à Umm Salama رضي الله عنها, quand elle lui évoqua une église qu’elle avait vu en Abyssinie, ainsi que le effigies qui s’y trouvaient : « Ils sont un peuple qui, quand meurt parmi eux un homme pieux, construisent sur sa tombe une mosquée et le représente par ces effigies. Ils sont les pires créatures auprès d’Allah. » Il a également été rapporté dans un autre récit authentique qu’il a dit : « Ceux qui étaient avant vous ne prenaient-ils pas les tombes de leurs Prophètes comme lieux de prière, et bien ne faites pas des sépultures des mosquées car je vous interdis cela. »

La réponse à cela se fait selon plusieurs aspects :

  • Le premier aspect : Quand Allah Très-Haut dit à propos de cela : « Construisons sur eux une mosquée » c’est concernant les croyants. Quant au Prophète ﷺ, quand il parle de la construction de mosquée sur les tombes, il parle des Juifs et des Chrétiens. Or il y a une différence entre les deux groupes. En effet, les croyants ont fait cela pour obtenir la bénédiction (tabarruk) auprès des restes des Pieux qu’Allah Trés-Haut a honoré par ce signe en sauvegardant leurs âmes et leurs corps pendant ces long siècles. Quant aux Juifs et aux Chrétiens, ils font cela pour adorer les Pieux et les associer à Allah Très-Haut. Ainsi les deux preuves ne convergent pas vers un seul et même sujet.
  • Le deuxième aspect : Si tous ceux qui construisent un lieu de prière sur une tombe, même dans le but de chercher la bénédiction ou pour visiter le mort, étaient tous maudits comme cela est rapporté dans le hadith, alors ces Croyants dont Allah nous a conté l’histoire seraient également maudits et entreraient dans la malédiction proféré par le Prophète ﷺ. Et s’ils étaient effectivement maudits, Allah n’aurait pas tu sa réprobation et les aurait maudits en indiquant leur égarement. Ceci indique que l’action de ce peuple n’est pas la même que celle des Juifs et des Chrétiens qui ont été maudits par Allah Très-Haut à travers les paroles du Prophète ﷺ, et donc que ce qu’on fait ces croyants est autorisé sans l’ombre d’un doute. De même qu’il n’y a pas de doute dans cette action en ce qui nous concerne. Non pas dans le sens de les imiter, car leur législation ne nous concerne pas, mais dans le sens où cette action est mentionnée dans notre Livre descendu avec notre Loi divine (sharîʿa) qui, elle, nous engage, et qui est tirée de son signifiant, de son signifié, de ce qui y est clairement dit comme de ce à quoi il y est fait allusion.
  • Le troisième aspect : Concernant la parole du Prophète ﷺ : « Quand meurt parmi eux un homme pieux, ils construisent sur sa tombe une mosquée et le représente par des effigies. » Le fait qu’ils le représentent par des effigies est une preuve qu’ils faisaient cela dans un but d’adoration. Or les musulmans ne font pas cela : ni l’adoration des pieux, ni leur représentation sous forme d’effigie ou d’image près de leur tombe.
  • Le quatrième aspect : Le Prophète ﷺ a dit, concernant ceux qui construisent des mosquées sur les tombes : « Ils sont les pires des créatures. » Or, il est attesté dans le Coran et la sunna mutawâtira, que sa Communauté est la meilleure communauté sortie parmi les Hommes, et qu’elle est la plus noble et la meilleure de manière absolue. De même que ses membres sont justes et seront pris par Allah comme témoins sur les Hommes. Par ailleurs, Allah – qu’Il soit glorifié et exalté – savait et a informé son Prophète que sa Communauté, Prédécesseurs comme Successeurs, s’accorderaient dans le fait de construire des mosquées sur les tombes des saints, des pieux et des savants. Ainsi, l’imam al-Nawawi voyagea du Shâm jusqu’en Egypte afin de visiter la tombe de l’imam al-Shâfiʿi, or sur celle-ci se trouve une mosquée et une coupole. Et combien cet imam a-t-il de semblable, d’Orient et d’Occident, qui voyagèrent pour visiter les tombes des saints et des pieux sans que qui que ce soit ne s’en révolte !
    Il résulte donc de cette contradiction entre l’information donnée par Allah concernant la supériorité de cette Communauté et l’information donnée par le Prophète ﷺ indiquant que ceux qui construisent des mosquées sur les tombes sont les pires des créatures, et le fait que cette communauté s’est accordée depuis les pieux prédécesseurs sur la construction de la mosquée sur la tombe de son Prophète ﷺ de même que sur les tombes des saints et des pieux parmi eux, il résulte donc de cette contradiction que la cause (al-‘illa) est différente entre les deux récits.
  • Le cinquième aspect : Le jugement donné dans ces hadith est causé par la crainte de faire des tombes des objets d’adoration comme vu précédemment. Ainsi, ce n’est pas une législation générale à tout temps mais une législation provisoire, liée à la période où cette crainte existait : celle proche de l’époque où les gens étaient dans l’associationnisme. Tandis qu’après la disparition de cette crainte, l’ancrage de la foi, la diffusion de la doctrine de l’Unicité divine et l’enracinement du dogme (ʿaqîda) ne laissant plus la place à la moindre fissure, au moindre doute dans l’Unicité d’Allah Très-Haut, alors, la cause de l’interdiction disparu et la règle revint à l’origine qui est l’autorisation.
    Parmi les autres exemple de ce principe : Au début de l’islam, le Prophète ﷺ interdisait aux gens de visiter les tombes. Puis, quand la foi s’est ancrée dans les âmes, il le leur a de nouveau autorisé en leur disant : « Je vous avais interdit la visiter des tombes, dorénavant visitez-les car elles vous remémore l’au-delà. » Et dans un autre hadith : « Car elles incitent à renoncer à renoncer à ce bas-monde ». Et il ajoute : « Et n’y dites pas des propos indécents. »

Ces différents aspect font ainsi apparaître l’absence de contradiction entre ces hadiths et la preuve tirée du verset. La conclusion étant ainsi établie : l’autorisation. Et c’est sur cet avis que la Communauté était parmi les Prédécesseurs comme les Successeurs. Et Allah est plus savant.

Deuxième preuve :

Allah a prédestiné la construction de la mosquée sur la tombe de son Prophète ﷺ, or celui-ci est, auprès de son Seigneur, au plus haut degré, et son noble corps est plus à même d’être protégé par Allah de tout ce qui est interdit et détesté auprès de Lui, et dont celui qui le commettrait serait maudit.

Troisième preuve :

Le Prophète ﷺ a donné l’ordre de l’enterrer dans une construction. En effet, il a dit : « Un prophète ne peut être enterré qu’à l’endroit où il décède », comme Abû Bakr رضي الله عنه en informa les Compagnons lorsqu’ils divergèrent sur l’endroit où on devait enterrer le Prophète ﷺ. Ils se mirent alors d’accord pour l’enterrer dans la chambre de Aïsha رضي الله عنها, là où son âme fut emportée. Et cela est une preuve claire concernant la présence d’une construction autour de la tombe ; le Prophète ﷺ sachant d’ailleurs que cela allait entraîner l’entrée de sa tombe au sein de sa noble mosquée quand sa communauté allait s’accroître et la mosquée s’agrandir. De plus, il ordonna aux gens de voyager pour visiter sa noble tombe et sa mosquée afin d’y effectuer la prière. Il incita à cette visite en disant : « Celui qui visite ma tombe, mon intercession lui est garantie. » Il dit également : « Une prière dans ma mosquée est meilleure que mille prières dans un autre lieu à l’exception de la Mosquée sacrée. » Il a ainsi fourni un argument pour la construction de la mosquée sur sa tombe, sachant que cela eu lieu à l’époque des Compagnons, des Tâbi’în et des Pieux Prédécesseurs sans aucune contestation. Or, si cela est autorisé en ce qui concerne le Prophète ﷺ, c’est d’autant plus vrai pour autre que lui. En effet, la crainte que sa tombe ne soit l’objet de la tentation [d’adoration] est bien plus grande qu’en ce qui concerne la tombe de quelqu’un d’autre d’entre les Pieux. Car la tentation ne peut intervenir que du point de vue de la vénération, et il ne se trouve pas dans la Communauté quelqu’un qui vénérerait une tombe plus que celle du Prophète ﷺ.

Quatrième preuve :

Le Prophète ﷺ nous a informé que sa noble tombe serait à l’intérieur de sa mosquée. En effet, il a dit : « L’espace entre ma maison et mon minbar. » Et dans une autre version : « L’espace entre ma tombe et mon minbar est un jardin d’entre les jardins. » Ainsi l’imam al-Tahâwî et d’autres ont rapporté avec leur chaîne de transmission jusqu’à Ibn Omar رضي الله عنهما que le Prophète ﷺ a dit : « L’espace entre ma tombe et mon minbar est un jardin d’entre les jardins du Paradis, et mon minbar est sur mon Bassin (Hawdh). » Et dans la version de Mâlik dans al-Muwatta, copie éditée avec le commentaire Tanwîr al-Hawatik d’al-Suyûtî : D’après Jâbir, l’Envoyé d’Allah ﷺ a dit : « L’espace entre ma tombe et mon minbar est un jardin d’entre les jardins du Paradis. »

Or nous savons, nécessairement, que le minbar et la maison n’avait pas ce mérite simplement par les boiseries du minbar, les pierres de la maison et son argile. Ainsi, un bois n’a pas plus de mérite qu’un autre, ou une pierre qu’une autre. Au contraire, ces choses-là n’entre pas du tout dans le mérite dans le cadre de la religion. La noblesse ne vient que de la proximité de la noble tombe. Ainsi, c’est elle qui est visée dans ces hadiths, car le mérite en revient et non à la maison. Al-Tahâwî a d’ailleurs dit dans Mushkal al-Hadith que la réunion des deux version, c’est-à-dire « ma maison et mon minbar » et « ma tombe et mon minbar » fait partie des signes de la prophétie dont la valeur est considérable ; car Allah عز وجل a caché à tous les Hommes, à l’exception du Prophète ﷺ, le lieu de leur mort : « Personne ne sait dans quelle terre il mourra. » (Luqmân 34). Il l’a donc informé du lieu dans lequel il allait mourir, et le lieu où se trouvera sa tombe. Et il en fut même informé pendant sa vie [ici-bas] et il en informa de sa communauté qui il en informa. Il n’y pas de rang au-dessus de celui-ci, puisse Allah l’accroître en noblesse et en bienfaits.

Cinquième preuve :

Le consensus des Compagnons dans le fait de l’enterrer dans sa maison. Et le consensus des Tâbi’în et ceux après eux sur cette question, comme on peut le voir aujourd’hui dans sa noble mosquée.

Sixième preuve :

Les Compagnons ont construit une mosquée sur une tombe alors que le Prophète ﷺ était encore en vie. Ainsi que l’a rapporté Ibn Abd al-Barr dans al-Istîʿâb dans la biographie d’Abû Basîr. Cela a également été rapporté par Maʿmar d’après Ibn Shihâb à la fin du récit du Traité de Hudaybiyya que voici en résumé :

Abû Djandal et les humbles d’entre les croyants de la Mecque s’étaient assemblés avec Abû Basîr près du littoral (à proximité de l’actuelle Djeddah), ainsi que des gens de la tribu de Banû Ghaffâr et des groupes d’arabes qui avaient embrassés l’islam, jusqu’à atteindre 300 musulmans. Ils s’établirent donc à cet endroit et coupèrent la voie commerciale des Quraysh vers le Châm. A tel point que les leaders de Quraysh envoyèrent un messager au Prophète ﷺ afin de lui demander de les convoquer à Médine, contrairement à ce qu’ils avaient eux-mêmes imposés comme condition lors du traité de Hudaybiyya. La lettre de l’Envoyé d’Allah ﷺ arriva à Abû Jandal alors que Abû Basîr était à l’agonie. Il mourut alors avec dans les mains la lettre qui les invitait à venir à Médine. Abû Djandal l’enterra donc là où il était, pria sur lui et construisit une mosquée sur sa tombe.

Or, il n’y a aucun doute que le Prophète ﷺ fut au courant qu’ils avaient construit une mosquée sur la tombe d’Abû Basîr et qu’il ne leur ordonna pas de la détruire. Et cela se passait à l’époque de la Révélation et du Message. Ainsi, s’il était absent lors de l’événement, la révélation le lui en aurait informé. Par conséquent, s’il n’a pas ordonné la destruction de cette mosquée, cela indique l’autorisation de sa construction. Quant à son avertissement dans le hadith sur la malédiction d’Allah sur les Juifs et les Chrétiens, c’est une mise en garde sur ce qu’ils faisaient, une information sur leurs actions et sur le fait que sa Communauté ne ferait pas cela.

Septième preuve :

Le Prophète ﷺ informa ses Compagnons de la conquête de Jérusalem, et ceux-ci ont effectivement conquis la région à l’époque des Califes Bien-Guidés. Or, il ne détruisirent pas les tombes des Prophètes dans le Shâm, l’Irak et Jérusalem. Quant à ce qui a été rapporté de Omar رضي الله عنه qui aurait ordonné la destruction des murs du tombeau de Daniel quand il y fut trouvé des écritures qui informaient à propos de choses et d’êtres de l’invisible, il est connu que Omar exagérait dans la répugnance de toute science dont il craignait qu’elle pourrait tenter les gens et les amener à se détourner du Livre et de la Sunna. Quant au reste des tombes, il ne les détruisit pas, car il ne s’y trouvait rien de ce qu’on pouvait trouver dans la tombe de Daniel. Ainsi, la destruction était dû à ces écritures et non à cause de la tombe en elle-même.

Huitième preuve :

Il est parvenu dans nombres de hadiths et d’anecdotes qu’un ensemble de Prophètes et d’Envoyé sont enterrés dans la Mosquée Sacrée, entre Zamzam et le Maqâm Ibrâhîm. Le Prophète ﷺ nous a informés que parmi eux se trouvaient Nûh, Hûd, Sâlih et Shu’ayb. De même qu’il a été rapporté que la tombe de Sayyidnâ Ismaʿîl – Que le Salut et et la Paix soit sur lui et sur notre Prophète – et la tombe de sa mère Hajar se trouvent dans al-Hijr, à l’intérieur de l’enceinte de la Kaaba. Ainsi, si la présence des tombes dans la mosquée était interdite en tant que tel, le Prophèteﷺ aurait creusé et les aurait fait sortir de la mosquée pour les enterrer en dehors, car la terre ne dévore pas le corps des Prophètes et ils sont en vie dans leurs tombes. Par conséquent, si le Prophèteﷺ ne l’a pas fait, cela indique que la présence de tombes dans la mosquée, ou encore que la construction d’une mosquée sur une tombe n’est pas interdit en tant que telle mais uniquement par peur de leur adoration. Ainsi, si cette crainte disparaît, cette interdiction disparaît. De plus, quand on sait que les meilleures mosquées sur la surface de la terre sont celle de la Mecque et celle de Médine, qui sont les Nobles Enceintes sacrées dans lesquels Allah Très-Haut a fait qu’il se trouvent plusieurs tombes – en effet, dans l’enceinte de Médine se trouve les tombes de notre Prophète ﷺ et de ses deux Compagnons, ainsi qu’une quatrième tombe dans laquelle sera enterré Sayyidnâ Issâ عليه السلام, comme cela a été rapporté dans de nombreuses traditions – on comprend alors que l’enterrement dans la mosquée ou la construction de la mosquée sur la tombe fait partie des meilleures actions, en imitation des deux Enceintes sacrées. Et donc, toute mosquée dans laquelle ne se trouve pas une tombe a un moindre mérite et peu de baraka, du fait qu’elle n’imite pas les meilleures des mosquées et les plus nobles.

Neuvième preuve :

Les moyens ont le statut légal des objectifs. Ainsi, ce qui est le seul moyen d’arriver à une chose requise est alors requis. Or, le respect de la tombe du défunt musulman par le fait de ne pas s’asseoir ou marcher dessus, de ne pas le déterrer, ni de casser ses os, est un objectif légal religieux. Et son contraire est interdit avec la plus grande fermeté. Au point que le Prophèteﷺ a dit : « Que l’un d’entre vous s’assoit sur une braise qui met le feu à son habit jusqu’à arriver à sa peau est meilleur pour lui que de s’asseoir sur une tombe. » (Rapporté par Muslim et d’autres). Il a dit également : « Casser l’os d’un mort est comme le casser alors qu’il est vivant. » (Rapporté par Abû Dâwud, Ibn Mâjah et Ibn Hibbân dans son sahih).

Or, d’évidence, nous savons qu’une tombe, quand elle reste sans enclos qui l’entoure, sans maison ou sans coupole au-dessus, sera forcément exposée à ce qu’on marche dessus, que l’on s’y assoit et que sa trace s’efface, comme on peut le voir de nos yeux avec le passage des gens sur les tombes qui n’ont aucune construction sur elle. Et peut-être même que la personne ignore qu’il s’y trouve une tombe et urine ou défèque dessus. Au contraire des tombes protégées par une construction. Ainsi, si la construction permet de sauvegarder la sacralité des morts et leur droits, de même qu’elle permet aux vivants de se conformer à l’ordre du Législateur et de ne pas dépasser les bornes qu’Il a fixé, c’est alors une chose sans aucun doute requise, car c’est un moyen d’atteindre le but, et possède par conséquent le statut de celui-ci.

Par ailleurs, la visite des tombes est une chose recommandée. En effet, le Prophète ﷺ a ordonnée et incité à les visiter, en particulier sa tombe vénérée. Ainsi a-t-il dit, en ce qui concerne les tombes en général : « Visitez les tombes car elle vous rappelle l’au-delà et vous incite à délaisser l’ici-bas. » Et il a dit, concernant sa noble tombe : « Celui qui visite ma tombe sera assuré de mon intercession. » Ce hadith est authentique, ayant plusieurs chaînes de transmission que les mémorisateurs de hadith ont consignées dans des ouvrages spécifiques. Parmi eux il y a al-Taqi al-Subki dont le livre est édité et en circulation.

De même que le Prophète ﷺ a incité à visiter la tombe des parents et des amis et de les saluer. Les imâms et les saints ont mentionné que la visite des tombes avait un énorme effet dans l’illumination intérieure, en particulier les tombes des saints et des pieux. De même que l’invocation près des tombes de certains d’entre eux est exaucées, comme l’a dit l’imâm al-Shâfiʿi رضي الله عنه concernant la tombe de Mussa al-Kâzhim à Bagdâd – Qu’Allah la libère – : elle est le remède de celui qui subit une épreuve. Il y a de nombreuses tombes en Egypte la Sauvegardée qui est célèbre pour cela. Parmi elles, les tombes de al-Sayyida Nafîsa, al-Imâm al-Shâfiʿi, al-Qutb al-Badawî, al-Sayyida Zaynab, al-Imâm al-Husayn et beaucoup d’autres.

Dixième preuve :

Le Prophète ﷺ a déposé sur la tombe de ‘Uthmân b. Mazhʿûn une immense pierre et dit : « Je reconnaîtrais grâce à elle la tombe de mon frère et j’enterrerais près de lui ceux d’entre les miens qui décéderons. » (Rapporté par Abû Dâwud, Ibn Mâjah et d’autres). Ce hadith institue le fait de poser un signe sur la tombe et établit cela dans la sharîʿa. Et le Prophète ﷺ n’a posé cette pierre que parce que c’était ce qu’il y avait de disponible facilement au moment de l’ensevelissement. Or, il ne faisait pas de manières, mais utilisait ce qui était disponible en toute choses : nourriture, habillement, monture, etc. Ainsi, s’il est autorisé de mettre un signe sur la tombe afin d’éviter qu’elle ne disparaisse, alors ce signe peut tout aussi bien être un rocher qu’autre chose. Et de même qu’il est autorisé de poser une pierre, il est autorisé d’en poser deux, trois ou quatre, selon ce qui est nécessaire pour la pérennité de ce signe. Tout comme il est autorisé de lier ces pierres entre elles avec de l’argile et de la chaux afin qu’elles ne d’éparpillent pas. Et Allah est plus Haut et plus Savant.

Un dernier argument spécieux et la réponse à celui-ci :

Il a été rapporté par l’ensemble des savants sauf al-Bukhârî et Ibn Mâjah du hadith d’Abû al-Hayyâj al-Asadî d’après Ali رضي الله عنه qui lui a dit : « Je t’envoie sur la même mission que m’a donnée le Messager d’Allah ﷺ : Ne laisse pas une statue sans la détruire et pas une tombe vénérée sans l’aplanir. »

Ce hadith peux être compris de plusieurs façons :

  • Premièrement – et c’est la compréhension la plus juste – : il désignait par cela les tombes des polythéistes qui les sacralisaient pendant la Jâhiliyya, ainsi que dans les pays des mécréants que les Compagnons رضي الله عنهم conquéraient. La preuve étant la mention des statues avec les tombes. En revanche, la sunna et les actions des Compagnons sont contraires à cela en ce qui concerne les tombes des musulmans. En effet, il est bien connu que les tombes des martyrs étaient surélevées, ainsi que cela est rapporté dans Sahih al-Bukhârî d’après Khârija b. Zayd qui raconte : «  Je me vois quand nous étions jeunes pendant le califat de Uthmân رضي الله عنه. Celui d’entre nous qui sautait le plus haut était celui qui arrivait à sauter par dessus la tombe de Uthmân b. Mazhʿûn jusqu’à passer au-dessus. » Or, nous venons de voir que c’est le Prophète ﷺ qui posa cette pierre. Et le fait que seul un jeune très fort pouvait sauter par dessus indique ses grandes hauteurs et largeurs. Cela n’étant pas possible avec de la terre uniquement ou un simple rocher. Il a par ailleurs été rapporté par Ibn Abî Shayba dans son ouvrage, avec sa chaîne de transmission d’après Abd Allah b. Abî Bakr qui a dit : « J’ai vu la tombe de Uthmân b. Mazhʿûn et elle était élevée. » C’est une indication clair que c’était une construction d’une certaine hauteur.
  • Deuxièmement : Il est possible de dire que ce hadith est une information dont le sens apparent est délaissé par consensus. En effet, les Imâms s’accordent sur la détestabilité d’aplanir les tombes, et sur le fait qu’il est conseillé de les élever d’une hauteur d’un empan. Chez les Hanafites il y a même un avis disant que cela est obligatoire, et un avis chez les Malikites disant qu’il est conseillé de les élever en forme de bosse afin que l’on ne s’assied point dessus.
  • Troisièmement : Il est contraire à la sunna établie d’après le Messager d’Allah ﷺ et ses Compagnons après lui qui est d’élever les tombes et de leur donner une forme de bosse. Par conséquent, soit ce hadith n’est pas authentique en tant que tel, soit il doit être pris dans un autre sens que le sens apparent comme nous l’avons vu dans le premier point.

C’est ainsi que nous voyons l’erreur de ceux d’entre les pseudo-salafistes qui s’accrochent à ce hadith et à d’autre, proclamant l’obligation d’aplanir les tombes et de détruire ce qui se trouve au-dessus comme construction et coupole, comme l’ont fait les « Cornus » aux tombes des Compagnons, des Saints et des Pieux à Médine, la Mecque et les autres lieux qu’ils ont envahis. Quant à leur terre d’origine, Allah n’y a mis ni saints, ni pieux depuis l’apparition de l’Islam jusqu’à nos jours. Au contraire, il n’en a fait que la Corne de Satan, et ceux qui le suivent sont les Khâridjites du treizième siècles et des siècles qui ont suivi. Qu’il craigne donc Allah celui qui se laisse abuser par eux et soutient leur école corrompue, leurs avis caducs et leur égarement dont le Prophète ﷺ a parlé. Il a dit d’eux qu’ils transperceraient la religion de part en part comme une flèche tirées ; et qu’ils parleraient avec les propos de la meilleures des créatures. Et en effet, ils parlent avec emphase de l’Unicité divine, d’agir selon la sunna et de combattre l’innovation ; alors qu’ils sont, par Allah, engloutis sous les innovations. Et même plus, il n’y a pas pire innovation que la leur, qui mène à traverser la religion comme une flèche.

Nous demandons donc à Allah, Glorifié et Exalté soit-Il, de nous rassembler, nous, eux, et l’ensemble des musulmans sur une parole identique et qu’Il nous guide dans ce sur quoi il y a désaccord dans la vérité par Sa Volonté. Et Allah guide qui Il veut vers la Voie droite.

Ceux qui souhaiteraient plus d’information pourront consulter Ihyâ al-Maqbû min Adillat Istihbâb Bnâ’ al-Masâjid wa al-Qubâb ‘alâ al-Qubûr du Hâfizh Abû al-Faydh al-Sayyid Ahmad b. Muhammad al-Siddîq al-Ghumarî, qu’Allah lui fasse miséricorde, aux éditions Maktaba al-Qâhira bi al-Sanâdiyya – Place d’al-Azhar al-Sharîf.


Assemblé et annoté par le Pauvre en Allah, Yusrî Rushdî al-Sayyid Jabr al-Hasaniy, Imam et prêcheur à la mosquée al-Ashraf à al-Muqattan et commentateur de Sahih al-Bukhârî à al-Azhar al-Sharîf

Il est le savant, éducateur, medecin et chirurgien, descendant du Prophète ﷺ Sidi Yusrî Ibn Rushdî Jabr al-Hasani al-Shâfi`î.
En parallèle de ses études de médecine et de sa spécialisation en chirurgie cardiaque, il mémorisa le Saint Coran selon le lectionnaire de Hafs et le rapporte par chaîne de transmission ininterrompue jusqu’au Prophète Mohammed ﷺ. Il étudia auprès de nombreux savants de la grande mosquée d’al-Azhar al-Sharîf et a été diplômé de son université à la faculté de Droit et Jurisprudence au Caire. Il rapporte les ouvrages de tradition prophétique (hadith) par chaîne de transmission et a étudié la plupart de ceux-ci auprès de l’érudit Cheikh Sidi Mohammed al-Hâfidh al-Tijani al-Hussayni ainsi que le maître de la discipline Sidi Abdellah Ibn Seddiq al-Ghomari al-Hassani. Il fréquenta ce dernier lors de son installation au Caire jusqu’aux dernières moments de sa vie et reçu l’autorisation de transmettre de lui le Hadith, les ouvrages de tradition prophétique et l’éducation spirituelle (Tassawwuf) selon la Tariqa Shadhiliya Darqawiya Siddiqiya.
Il enseigne les 10 lectures du Coran le matin apres la prière du Soubh dans sa mosquée (Masjid al-Achrâf), les sagesses d’Ibn Ata’illah le vendredi apres la prière et il a également enseigné le Sahih al-Boukhari à la mosquee d’al-Azhar et d’autres ouvrages de référence en fiqh Shafiite, de Hadith et de Tasawuf.

Traduit par Au Service de l’Islam©