Traité de Croyance : al-`Aqîdah al-Mubârakah de Sidi Abu Madyan (509 – 594 H) connu aussi sous le nom de Sidi Boumedienne

La Croyance bénie

Au nom d’Allah, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux, que les prières et salutations soient sur notre Maître Mohammed et sur Sa Famille.

Le Muhaqqiq du livre “Anas al-Faqîr wa `azza l-haqîr” d’Abû al-`Abbâs Ahmed b. al-Hussayn al-Qasantînî celèbre sous le nom d’Ibn Qunfudh (m. 810H) a dit : 

“Le Cheikh Abu Madyan qu’Allâh l’agrée était sur la croyance des Salaf, des ahl as-Sunnah wal jama`a , basée sur la guidance du Coran et la Sunnah à propos de laquelle ne dévie qu’un damné. Il l’a inscrit de sa plume avec une extrême magnificence et habilité.”

Le traité de Croyance du Cheikh accompli Sidi Abû Madyan qu’Allâh lui accorde son agrément et nous fasse profiter de lui  : 

Louange à Allâh qui est exempt de limites (hadd), de localisation (ayn), du “comment” [de la modalité] (kayf), du temps (zamân) et de l’endroit (makân); qui Parle d’une Parole Prééternelle (qadîm) sans début (azaliyy) qui est un attribut parmi Ses Attributs, inhérente à l’Essence Divine (qâ’im bidhâtihi), inséparable de l’Essence sans être celle-ci (lâ munfasilun `anhu wa lâ `â’idun ilayh), elle n’est pas incarnée dans les choses créées, ne ressemble point aux créatures et on ne lui attribue pas de lettres ni de sons. Les Attributs de notre Seigneur  transcendent (tanzîh) ce qu’il y a dans la terre et dans les cieux.   

Ô Allâh ! Nous affirmons Ton Unicité sans Te limiter. Nous croyons en Toi sans T’attribuer de comment, nous T’adorons sans T’assimiler [à autre] (tashbîh). Nous croyons fermement que celui qui T’assimile à Ta création n’a pas distingué le Créateur de la créature.

«  Dis ! Il est Allâh, l’Un. Allâh,qui se suffit à Lui-même. Il n’a pas engendré et n’a pas été engendré. Et nul n’est égal à Lui. »

À dit vrai Allâh, dont l’Essence est exemptée du fait d’être entrée en existence,  dont les Attributs transcendent toute ressemblance avec ceux des corps, et dont les signes ont attesté de Son Unicité.

Le Premier (al-Awwal) dont l’antériorité n’a point de commencement, Le Dernier (al-Âkhir) dont l’Éternité n’a pas de fin. L’Apparent (adh-Dhâhir) en qui il n’y a pas de doute, Le Caché (al-Bâtin) qui n’a pas de ressemblant. Le Vivant (al-Hayy) qui ne meurt point ni ne s’anéantit, L’Omnipotent (al-Qâdir) qui n’est pas atteint par l’incapacité ni la fatigue. Le Voulant (al-Murîd) qui a égaré et a guidé, qui a appauvri et a enrichi. L’Audient (as-Samî`) qui entend les secrets même les plus cachés. Le Voyant (al-Basîr) qui perçoit les pas (rampements) des fourmis sur le monde inférieur (as-sufli). L’Omniscient (al-`alîm) qui ne se fourvoie pas et n’oublie pas. 

Il est Celui qui Parle (al-Mutakallim) mais dont la Parole ne ressemble pas à celle de Moussa. Il a parlé à Moussa de Sa Parole Prééternelle (Qadîm) exempte d’un avant ou d’un après, de sons retentissant, d’un appel qui s’entend ou de lettres qui se répètent. En effet, toutes les lettres, les voix et les appels sont créés avec un début et une fin. Exalté soit notre Seigneur et élevé, béni et glorifié.

À Lui appartiennent la Majestuosité (al-`Adhamah), la Grandeur (al-Kibriya’), la Royauté (al-Mulk), la Puissance (al-Qudra) et l’Élévation (as-Sanâ’). Il a les plus Beaux Noms et les Attributs les plus exaltés. Sa Vie (Hayât) n’a pas de début, le début étant précédé par la non existence. Sa Puissance (Qudra) n’a pas de fin, la fin induisant la spécification (at-takhsîs). Sa Volonté (Irâda) n’est pas créée, les choses créées étant frappées par les contradictions. Son Ouïe (Sam`) n’est [pas due à] un organe (oreille), l’organe étant percée (ou contenant un orifice). Sa vue (Basar) ne provient pas d’une pupille (d’œil), la pupille étant fendue. Sa Science (`Ilm) n’est pas acquise, l’acquisition se fait par la réflexion et le raisonnement (istidlâl). Sa Science n’est pas darûrî1 (nécessaire), la nécessité se basant sur la volonté et la contrainte. Sa Parole n’est pas un son, les sons existent puis disparaissent, Elle n’est pas non plus composée de lettres car les lettres peuvent être précédées ou suivies. 

Exalté soit notre Seigneur de toute ressemblance avec Sa création, Sa création s’est fatiguée à essayer de l’adorer comme il se doit. Il est le Préeternel (Qadîm) sans début (Azali), le Permanant (Dâ’im) sans fin, Celui dont l’Essence (Dhât) n’a pas de stature (qadd) , dont le Wajh n’a pas de joue, dont le Yad n’a pas de bras, et Il n’a ni avant ni après 

Il n’est pas une substance (jawhar), la substance étant connue pour occuper un espace. Il n’est pas un accident (`ard), à l’accident est attribué l’impossibilité de l’éternité. Il n’est pas non plus un corps (jism), le corps étant cerné par les directions (ou côtés). Il est Le Créateur des corps et des âmes et Le Pourvoyeur des gens généreux (riches) et des miséreux, Celui qui destine les bonheurs et les malheurs et Celui qui a établi les astres et les soleils.

C’est lui Allâh, en dehors de qui il n’ y a pas de divinités, Le Roi (al-Malik), L’infiniment Saint (al-Quddûs) qui s’est istawâ sur le `arch (litt: Trône) sans s’y établir [sans occuper d’endroit] et sans assise. Le `arch n’est pas pour Lui une résidence, tout comme l’istiwâ’ n’a pas pour Lui le sens de l’établissement. Le `arch a une limite et une mesure et le Seigneur n’est pas atteint par les regards. Le `arch est une créature parmi Ses créatures, Il a manifesté à travers celui-ci en partie  Sa Puissance. Les pensées de l’esprit donnent au `arch une modalité (takayyuf) et lui attribuent une largeur et une longueur et il est en plus de cela porté. Le Prééternel (al-Qadîm) ne change pas et ne disparaît pas. Comment cela serait-il possible alors que le `arch est en lui même un endroit, il possède des côtés et des piliers et Allâh existait avant qu’il n’y ait l’endroit, le `arch et le temps ?! Il a créé l’endroit, le `arch et le temps et Il est comme Il a toujours été.

Il n’a pas de dessous qui Le diminue, ni de dessus qui L’ombrage, ni de derrière qui Le soutienne, ni de côtés qui Le stabilisent, ni de devant qui Le limite. S’Il était au dessus de quelque chose, il aurait été porté, s’Il était dans quelque chose Il aurait été cerné (limité) et s’Il venait de quelque chose Il aurait été créé. Notre Seigneur est au dessus de la limitation, de la mesure, du changement, de la modalité, de la composition, de l’image, de la ressemblance et de la similarité.   

« Il n’y a rien qui Lui ressemble, et c’est Lui l’Audient, le Voyant ».


1 Il s’agit de la science qui ne dépend pas de preuves pour l’avoir et qui n’en a pas besoin.


Article traduit par Au Service de l’Islam – CC BY-NC-ND.