La prière des deux fêtes (aïd) – Salât al- ‘Idayn ~ Selon l’école Malikite

Son statut :

La prière de l’aïd est une sunna mu’akkadah (fortement recommandée) pour toute personne à qui la prière du Vendredi incombe, à savoir :

  • l’homme
  • libre
  • pubère
  • doué de raison
  • résident (muqîm)

Pour les personnes n’étant pas concernés par l’obligation de la prière du vendredi (femmes, enfants, etc) ou non concernés par la forte recommandation de la prière de l’aïd, elle est mandûb (recommandée).

Le pèlerin accomplissant le hajj n’est pas concerné par la prière de l’aïd car il accomplit les rites du hajj en terre sacré.

À quel moment la prie-t-on?

Elle se prie le jour de l’aïd à partir du moment où les prières surérogatoires (nawâfil) sont autorisées c’est-à-dire lorsque le soleil s’élève dans le ciel de la hauteur d’une lance (12 empans) jusqu’au zawâl à partir duquel entre la prière de dhohr.

Comment se prie-t-elle ?

Elle est constituée de 2 rak`ah à haute voix et ne possède ni adhân, ni iqâmah.

Il est déconseillé (makrûh) d’appeler à la prière par une formule du genre “as-salât jâmi`ah” (la prière en groupe). Certains savants Malikites tels qu’Ibn Nâjî ont affirmé qu’il s’agit d’une innovation [déconseillée]. Al-Khurachi quant à lui est d’avis que ceci est permis mais le machhûr est que l’on n’effectue pas d’appel.

Lors de la première rak`ah, le fidèle accomplira 7 takbîrât, takbîrat ul-ihrâm incluse. La takbîrat ul-ihrâm est un pilier (rukn) de la prière et chacune des 6 takbîrât qui suivent sont sunnah mu’akkada (fortement recommandés). Dans la seconde rak`ah, il procédera à 5 takbîrât dont chacune constitue une sunnah mu’akkada sans compter la takbîrat ul-qiyâm (qu’il dira au moment de se relever du sujûd qui est une sunnah khafîfah (légère).

L’imâm enchaînera les takbîrât sans coupure entre elles en laissant juste le temps aux fidèles qui le suivent de faire le takbîr. De plus, il n’y a pas de tasbîh ou quelconque dhikr légiféré entre les différents takbîr contrairement à ce que d’autres écoles avancent. Si celui qui suit l’imâm n’entend pas les takbîrât de l’imâm ou est sourd, il les effectuera tout de même en faisant en sorte qu’elles suivent ceux de l’imâm sans le précéder..

Si l’imâm ou le fadh (celui qui prie seul) oublie ne serait-ce qu’un seul takbîr parmi ceux qui sont sunnah mu’akkadah et qu’il s’en souvient durant la lecture du Coran ou après celle-ci, il le fera tant qu’il n’aura pas accompli le ruku`(inclinaison), recommencera la lecture (obligatoire) puis procédera à une prosternation d’ajout après le salâm final (sujûd ba`dî).  S’il revient du ruku`pour effectuer le takbîr, sa prière sera alors invalide car on ne revient pas d’une l’obligation (ici le ruku`) vers une sunnah (ici le takbîr).Tandis que s’il ne se souvient de son oubli qu’après s’être déjà incliné, il procèdera à une prosternation d’oubli avant le salâm final (sujûd qablî). En revanche, les oublis de takbîrât de celui qui prie derrière l’imâm, sont supportés par ce dernier. Il n’aura donc pas à se prosterner.

Quant au retardataire qui a acquis lors de la première rak`ah un certain nombre de takbîr mais pas tous, dira avec l’imâm ce qu’il peut atteindre comme takbîr. Une fois que l’imâm termine les takbîr, le fidèle fera ceux qui lui manque et ce, même si l’imâm a débuté la récitation du Coran. Il en est de même s’il arrive alors que l’imâm récite la fâtiha ou la sourate.

Si le retardataire arrive à la deuxième rak`ah, il fera les 5 takbirât de la deuxième rak`ah et une fois que l’imâm accomplira le salâm final et se relèvera pour accomplir 7 takbîr (takbirat ul-qiyâm comprise) puis procédera au rattrapage de sa première rak`ah manqué.

Mandûbât (recommandations) de la prière de l’aïd :

  1. Faire le ghusl à l’entrée de son temps : le dernier ⅙ ième de la nuit (la nuit étant ce qui est entre le maghreb et le fajr). Et il est mandûb qu’il soit effectué après le subh. Contrairement au ghusl de la prière du vendredi, il n’est pas conditionné par le fait de précéder le départ pour la prière de l’aid car il concerne la journée de l’aid et pas simplement la prière.
  2. Se parfumer.
  3. S’embellir en se revêtant de vêtements neufs ou de beaux vêtements (même pour celui qui ne prie pas) afin de montrer les bienfaits dont Allâh nous gratifie et de Le remercier. Quant aux femmes, si elles sortent, elles ne se parfument pas et ne s’embellissent pas afin d’éviter la fitnah. Délaisser le fait de s’embellir alors qu’on en a la capacité est une bid`ah, comme celui qui prétend le faire par ascétisme. Et cela car ce sont des jours de joie et de plaisir. On n’y interdit pas aux enfants de jouer ou de frapper du duff.
  4. Se rendre à la prière en marchant (pour celui qui en a la capacité). Il n’est pas demandé d’en faire de même au retour de la prière.
  5. Revenir par un autre chemin que celui emprunté à l’aller.
  6. Manger avant de se rendre au Musalla (lieu de la prière) lors de l’Aïd d’al-Fitr et il est recommandé que cela soit fait avec des dattes.
  7. Retarder le fait de manger pour l’aid al-adha de sorte à ce que la première chose qui entre dans l’estomac soit issu du sacrifice comme le fit le Prophète ﷺ.
  8. Se rendre à la prière après le levé du soleil pour celui qui vit non loin du lieu de prière. Dans le cas contraire,il le fera au moment où il pourra atteindre la prière en groupe.
  9. Accomplir le takbîr sur l’aller et dans le lieu de prière jusqu’au moment d’entrer en prière (Dire “Allâhu akbar Allâhu akbar Allâhu akbar lâ ilâha illa Llâh Allâhu akbar Allâhu akbar wa lillâhi l-hamd” (hasan) ou dire “Allâhu akbar” 3 fois et ceci est meilleur(ahsan) e). En revanche, on ne fait pas le takbîr avant le lever du soleil car il concerne la prière et  n’est pas légiféré avant le temps de celle-ci. En réalité ceci fait l’objet d’une divergence acceptée du fait qu’il y a une riwâyah remontant à l’imâm Mâlik dans al-Mabsût affirmant que le takbîr débute après la prière de subh et certains savants sont d’avis que ceci est préférable.
  10. Et il est recommandé de faire ce takbîr à voix haute afin de le faire entendre. Le prononcer dans le musalla jusqu’au moment de la prière et pas seulement jusqu’à l’arrivée de l’imâm est l’avis machhûr de l’école. Il se fait d’une seule voix.
  11. Prier en dehors de la mosquée sur un terrain vague étant donné que c’est ce qu’a toujours fait le Prophète sws. L’accomplissement de la prière dans la mosquée sans contraintes est considérée comme une innovation déconseillée. Le Prophète sws ne l’a pas fait excepté à la Mecque où elle se prie dans la mosquée Sainte en raison de la présence de la Ka`bah dont la vision simple est une adoration. En revanche, il n’y a aucun mal à la prier à la mosquée s’il n’y a pas de mussalla à disposition, de terrain vague ou une quelconque crainte comme c’est le cas en France.
  12. L’accomplissement du sacrifice dans le mussalla afin que les fidèles soient avertis de son sacrifice car le sacrifice des fidèles doit être accompli après celui de l’imâm.
  13. Lever les mains uniquement pour la takbîrat ul-ihrâm.
  14. Réciter dans la première rak`ah, après la fatiha, une sourate équivalente à al-a`lâ et dans la seconde, une sourate équivalente à ach-chams.
  15. Accomplir deux sermons semblables aux deux sermons du vendredi : le prêcheur s’assoit au début du premier sermon et au début du second. Il élève la voix même si une partie n’entend pas [ou est sourde].
  16. Il est mandûb de les écouter contrairement au vendredi lors duquel il est obligatoire de le faire. Celui qui écoute se tourne vers le prêcheur comme pour la prière du vendredi, et pas vers la qibla.
  17. Les sermons ont lieu après la prière contrairement au vendredi. S’ils sont fait avant, il sera mandûb de les refaire.
  18. Ouvrir le prêche par le takbîr et le tahmîd et les multiplier durant le prêche sans limite (comme ouvrir par 7 takbîrât).
  19. Il est mandûb d’effectuer la prière même pour celui qui n’est pas concerné par l’obligation de la prière du vendredi comme les femmes et les enfants.
  20. L’accomplir seul pour celui qui a raté la prière avec l’imâm et ce, même s’ils sont plusieurs dans ce cas.
  21. Faire le takbîr après les 15 prières obligatoires suivantes c’est-à-dire à partir de la prière du dhohr le Jour du Sacrifice jusqu’au subh du 4ème jour suivant (1er inclus) que le fidèle prie en groupe ou seul. S’il oublie, il le fait dès qu’il s’en souvient si un temps court est passé d’après la coutume (`urf) et qu’il n’est pas sorti de la mosquée (pour celui qui y a prié). Il est recommandé de prononcer  “Allâhu akbar” 3 fois et s’il dit l’autre formule ceci est bien mais la première est préférable. Même si l’imâm ne fait pas le takbîr après la prière, le fidèle le fera. Ces takbîr se font après le sujûd ba`dî s’il y en a. Celui qui n’aurait pas prié ses prières de la journée et les rattraperait le soir fera également ces takbir.
  22. Et il recommandé de vivifier la nuit de l’aïd par des actes d’adoration comme la prière, le dhikr, le takbîr, le tasbîh et l’istighfâr.

Ce qui est makrûh:

Il est makrûh de faire des prières surérogatoires avant et après la prière dans le cas où celle-ci a lieu dans un musalla mais ce n’est pas le cas si c’est dans une mosquée tant qu’on y entre dans un moment où les nawâfil sont permises.

La sortie de l’imâm:

L’imâm sort au moment qui fera que son arrivée coïncide avec le début de la prière. C’est le cas pour al-Fitr ainsi qu’ al-Adhhâ.

La Prière de l’Aïd et le Confinement (2020)

Étant donné la situation de confinement et la fermeture des mosquées, il est recommandé (mustahab) aux musulmans de prier la prière de l’aïd chez eux en groupe avec les membres de leur famille sans khutbah (sermon) ou seul. Cette prière se fera selon les modalités susmentionnés.

Il est important que les recommandations qui peuvent être maintenues le soient et que les musulmans accordent dans leurs foyers respectifs à ce jour de fête l’importance qui lui est dû.

Si le jour de l’aïd coïncide avec le vendredi :

Cliquez ici


© Article réalisé par Au service de l’islam